Emeutes à Hawara : condamnations du gouvernement et des dirigeants d'implantations

Les membres du parti Force juive se sont distingués par un silence prolongé ou des commentaires polémiques
Réagissant aux émeutes de Hawara, les autorités des implantations juives de Cisjordanie ont signé une lettre commune appelant les extrémistes du "Prix à payer" à cesser les violences. Dimanche soir, quelques heures après l'attentat à l'arme à feu au cours duquel deux frères israéliens résidant à Har Bracha ont été assassinés, des violences avaient éclaté dans la localité palestinienne de Hawara.

Les émeutiers israéliens résidents de la région ont incendié 75 maisons du village qui ont été totalement ou partiellement détruites. Un mort palestinien de 37 ans et une centaine d'autres blessés côté palestinien ont été rapportés. Plusieurs organisations terroristes ainsi que les mosquées de la localité ont en retour appelé les Palestiniens à se confronter aux émeutiers juifs.
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Parmi la quinzaine de signataires de la lettre appelant au calme, Yossi Dagan, chef du Conseil régional de Samarie, ainsi que les dirigeants des principaux conseils régionaux et d'implantations de la région: "La douleur est énorme, mais nous ne ferons pas justice nous-mêmes", ont-ils écrit, appelant les habitants des implantations au calme. "Laissez Tsahal faire son travail."
Dans un message vidéo diffusé dimanche soir pendant les violences, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a lui aussi appelé au calme, demandant aux Israéliens "de ne pas se faire justice eux-mêmes".
Quelques minutes plus tard, le président Herzog a lancé un appel similaire sur Twitter : "Je condamne fermement le fait de se faire justice soi-même et de commettre des violences contre des innocents. Ce n'est pas dans notre manière d'agir. Nous devons laisser Tsahal, la police israélienne et les forces de sécurité mettre la main sur l'ignoble terroriste et rétablir l'ordre."
Même son de cloche du côté du ministre des Finances et ministre délégué en charge de l'administration civile en Cisjordanie, Betsalel Smotrich, qui, pressé par Benjamin Netanyahou, a lui aussi dénoncé les émeutes. Une opinion partagée par la quasi-totalité de la classe politique israélienne même si Maurice Ifergan, analyste politique sur i24NEWS, relève un ton nettement différent entre la droite et la gauche.
Dans l'entourage du Premier ministre, dit-il, on met d'abord en avant l'attentat, en expliquant que les émeutes sont une conséquence de celui-ci. Benny Gantz, leader du parti centriste Union nationale a lui déclaré que les violences à Hawara étaient "une honte pour le pays" quand Meirav Michaeli, dirigeante du parti travailliste, est allée jusqu'à qualifier les émeutiers de "terroristes".
Seuls les ministres et députés affiliés au parti Force juive - dont une grande partie de l'électorat se trouve dans les implantations - se sont distingués par leur silence prolongé ou au contraire certaines déclarations qui ont suscité un tollé. Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, s'est ainsi abstenu de tout commentaire sur les événements jusqu'à ce qu'il se rende à l'avant-poste d'Evyatar en Cisjordanie, de nouveau évacué par l'armée lundi matin. Sur place, le ministre a appelé à revenir aux assassinats ciblés pour vaincre les organisations terroristes et a demandé aux Israéliens de ne pas chercher à faire justice eux-mêmes.
"L'attaque dans laquelle les frères Hillel Menachem et Yigal Yaakov Yaniv ont été assassinés est grave et choquante, et elle doit apprendre à tous que nous sommes en guerre. Ce n'est pas une guerre qui date d'hier et ce n'est pas une guerre qui se terminera en un jour, mais c'est une guerre qui doit nous pousser à adopter une politique de véritable lutte contre le terrorisme. Les terroristes doivent être écrasés : il est temps de revenir aux assassinats ciblés et d'éliminer les dirigeants des organisations terroristes", a déclaré Itamar Ben Gvir.
"Concernant les événements de Hawara, je comprends la douleur qui est à leur origine, mais nous ne devons pas nous faire justice. Celui qui doit s'occuper du terrorisme et l'empêcher, c'est le gouvernement israélien et non les citoyens", a-t-il poursuivi.
Itamar Ben Gvir a enfin affirmé que le fait d'établir des avant-postes comme celui d'Evyatar et de renforcer la présence juive en Cisjordanie était également une réponse adéquate au terrorisme, et qu'il s'était entendu avec Benjamin Netanyahou sur ce point dans les accords de coalition.
"J'ai contacté le Premier ministre ce matin et lui ai demandé de permettre aux familles de rester à Evyatar et d'y fonder une implantation", a indiqué le dirigeant du parti Force juive.
Le député Zvika Fogel issu du parti Force juive à quant à lui déclaré à la radio de l'armée lundi matin que les actes des émeutiers israéliens étaient le seul moyen de dissuasion efficace envers les Palestiniens. "Hier, l'auteur de l'attentat est venu de Hawara, et cette même ville a ensuite été fermée et incendiée. C'est ce que je veux voir. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons obtenir la dissuasion. Après des meurtre comme ceux d'hier, les villages devraient brûler lorsque l'armée israélienne n'agit pas", a-t-il affirmé.