Analyse | Le danger américain, par Raphaël Jerusalmy
Le plan de paix de Donald Trump, ou plutôt le fait qu’il reste bloqué au point mort, permet aujourd’hui au Hamas de se refaire une santé et de reprendre son contrôle tyrannique


Après nous être réjouis de l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, un bilan s’impose de ce qu’il a véritablement accompli en faveur d’Israël durant cette première année de son mandat. Bien que son traitement du problème des otages israéliens à Gaza mérite nos louanges, il ne faut pas oublier qu’il a bénéficié de la pression militaire infligée au Hamas par Tsahal. Lors de la ‘guerre des douze jours’, il a apporté son soutien logistique et de défense aérienne à Israël, et même fourni un appui de bombardement de la centrale nucléaire de Fordo. Mais là encore, c’est Jérusalem qui a pris l’initiative alors que Trump courtisait Téhéran en vue d’un accord sur le nucléaire, se montrant près à des compromis dangereux. Or c’est Tsahal qui a réduit la menace que l’Iran constitue pour le monde entier. Dommage que Trump a stoppé l’élan triomphal de l’armée israélienne, au douzième jour du conflit. Alors qu’il en fallait encore huit pour assurer une victoire plus décisive et une sécurité à plus long terme.
Les freins qu’impose aujourd’hui Washington à Israël sont plus dangereux que ceux du temps de Joe Biden. Le plan de paix de Donald Trump, ou plutôt le fait qu’il reste bloqué au point mort, permet aujourd’hui au Hamas de se refaire une santé et de reprendre son contrôle tyrannique. Ce plan fait entrer deux loups dans la bergerie : le Qatar et la Turquie que Trump courtise aux dépens de la sécurité d’Israël. Il leur vend des armements sophistiqués qui menacent sérieusement tout avantage technologique de Tsahal sur l’ennemi. Trump ne semble pas se soucier de cette mise en péril d’Israël du moment que les U.S.A. encaissent des milliards et préservent les emplois de son industrie de l’armement. Il en va de même avec l’Arabie saoudite à qui Trump promet des F35, en veux-tu en voilà, ainsi qu’un appui au développement d’une énergie nucléaire civile. Tout cela en échange de gros sous, de pétrole et d’une future normalisation avec Israël dont MBS repousse sans cesse l’échéance pour voir jusqu’où il peut faire monter les enchères.
Depuis plusieurs semaines, suite à l’attaque israélienne du 9 septembre dernier au cœur de Doha pour éliminer de hauts dirigeants du Hamas, Donald Trump s’évertue à exiger de Benjamin Nethanyou qu’il suive ses consignes. Ce qui met parfois le premier ministre israélien en situation de porte-à-faux par rapport à la politique de Washington qui devrait pourtant accorder la priorité absolue aux besoins sécuritaires d’Israël. Ne serait-ce que parce que nos soldats et soldates se battent depuis deux ans sur des fronts qui auraient dû voir l’entrée en action des forces armées américaines puisque les exploits de Tsahal protègent les intérêts américains au Proche-Orient et assurent pour le compte de Washington une stabilité régionale qui, autrement, serait mise à mal au profit de l’axe sino-russe. Il est indéniable qu’Israël dépend du soutien logistique et financier que lui prodigue son allié américain. Ce soutien est pourtant loin de faire le poids avec les sacrifices en vies humaines que subit Israël pour éviter aux Américains de combattre, alors qu’ils le devraient, en Iran comme au Yémen.
A l’approche d’une nouvelle rencontre avec Trump, le Premier Ministre israélien ignore ce qui l’attend. Va-t-il recevoir des ordres de route ? Trump va-t-il chercher à tenir Israël en laisse alors que de graves menaces se précisent dont une partie est due à la politique américaine au Proche-Orient. C’est le Qatar et la Turquie qu’il faut tenir en laisse, monsieur Trump ! Les Al Thani, Erdogan et MBS sont en train de vous mener en barque. De nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui, telle celle du nouveau maire de New-York, pour une réduction du soutien américain à Israël. On voit aujourd’hui des membres du parti républicain faire la fine bouche quant à la continuation de ce soutien. Ils entendent le conditionner à l’avenir. De plus, il faut prévoir un possible retour des démocrates au pouvoir, à Washington. Il faut donc envisager des alternatives, se tourner vers de nouveaux partenaires, tels que l’Inde et l’Allemagne, prendre les devants. Bref, faire le nécessaire même si cela déplaît à la Maison Blanche. Selon le simple slogan : Israel first !
Tribunes de guerre, par Raphaël Jerusalmy, commentaires de Mohamed Sifaoui, éditions David Reinharc. Tribunes de guerre 2023-2025 - broché - Raphaël Jérusalmy - Achat Livre | fnac
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