Rencontre avec Fabrice Humbert à l'origine du nouveau film d'Elie Chouraqui
Une histoire bouleversante de l'écrivain aux multiples prix et mis en image par le réalisateur Elie Chouraqui
Ce n'est pas un hasard si le réalisateur Elie Chouraqui a choisi d'adapter le roman de l'auteur à succès de "l'origine de la violence" paru en 2009. Le livre évoque des sujets tels que la quête de soi, la solitude mais surtout la mémoire de la tragédie de la Shoah.
A l'instar d'une véritable enquête policière, Fabrice Humbert nous embarque dans une investigation qui a la lourde tâche de retrouver qui est l'homme qui ressemble étrangement à son père sur cette photographie découvert au camp de concentration de Buchenwald. Des révélations stupéfiantes, des destins qui se croisent, l'écrivain voyage vers la source du Mal.
I24NEWS est parti à la rencontre de l'écrivain pour une interview exclusive avant la sortie officielle du film le 25 mai dans l'Hexagone.
I24NEWS: "L'origine de la violence" est votre troisième roman paru en 2009, et a connu un grand succès en librairie, comment expliquez-vous sa popularité?
F.H: Le succès d'un livre est toujours un grand mystère qui a peu de rapports avec sa qualité. Je pense que le roman a coïncidé avec un puissant regain d'intérêt pour la Seconde guerre mondiale et toute une génération d'écrivains (la 3e génération) qui la racontait sous une autre forme. Par ailleurs, le thème du secret de famille, thème à mon avis galvaudé mais très populaire, y est aussi présent. En somme, ce que je préparais dans la plus grande intimité, dans une totale solitude et qui reflétait des années d'existence, de quête, d'interrogations s'est trouvé correspondre, à sa sortie, avec les attentes de beaucoup de lecteurs. Cela confirme l'idée qu'entre gens d'une même époque, des liens secrets se forment, ce qui explique la nécessité, toujours, d'une littérature contemporaine: nous avons comme avantage sur d'autres écrivains majeurs du passé d'être de notre époque, caractéristique que malgré leur génie, Proust, Kafka etc…n'avaient pas. Et l'esprit du temps ne peut se copier, il se diffuse.
I24NEWS: Le roman ne relate pas seulement l'événement tragique de la Shoah et la quête d'identité mais évoque aussi des problèmes sociétaux tels que l'antisémitisme (vous citez Ilan Halimi), la violence, le statut des professeurs au sein des établissements en France. Comment expliquez-vous la montée de l'antisémitisme, la brutalisation de la société et le climat difficile au sein de certains établissements scolaires? Comment d'après vous la France pourrait-elle restaurer l'autorité et faire retrouver une harmonie au sein des communautés?
F.H: Tous les événements relatés dans le livre sont liés à une même question: la violence, et plus précisément à un problème essentiel qui est celui du bouc-émissaire. C'est cette violence ciblée qui m'obsède. Le roman constitue une narration autant qu'une réflexion sur cette question (d'où le titre d'essai). Les questions très diverses que vous citez sont liées à cette question majeure. Il ne s'agit donc pas de répondre ponctuellement à tel ou tel problème particulier de la société: certes, tous mes romans sont politiques mais sur un fond large.
I24NEWS: Qui a eu l'idée d'adapter le roman en film? Du choix des acteurs?
F.H: Plusieurs réalisateurs ont proposé d'adapter le roman. Nous (l'éditeur et moi) avons confié cette rude tâche à Elie Chouraqui qui a montré une passion pour le roman et une détermination extrêmes. Il est responsable du choix des acteurs.
I24NEWS: Le film prévu pour le 25 mai sera-t-il exporté en Israël?
F.H: Je ne sais pas mais je l'espère. Cela me paraît essentiel.
I24NEWS: Avez-vous des liens avec Israël? Si non, avez-vous l'intention de vous y rendre?
F.H: Je connais des gens, bien entendu en Israël. J'espère avoir l'occasion de m'y rendre pour y défendre le film mais je ne sais pas si le film a eu le moindre retentissement là-bas.
"Il ne s'agit pas d'un film sur la Shoah mais d'un film sur un secret de famille" a précisé Elie Chouraqui lors d'une interview sur la 3echaîne française la semaine dernière. Accompagné de Richard Berry, Michel Bouquet mais aussi de son fils César, Elie Chouraqui signe avec "l'origine de la violence" son retour dans le monde du cinéma français en attendant de le voir peut-être prochainement en Israël.
Michaël Assous est journaliste et web-rédacteur pour i24NEWS en français