Décès du rav Avraham Meimoun, un "chef spirituel"
Le rav Ovadia Yossef lui manifestait un immense respect
Le Rav Avraham Meimoun, chef spirituel de la communauté juive de la Rose à Marseille et membre du Grand rabbinat de la ville, est mort chez lui d’un arrêt cardiaque dans la soirée du mercredi 24 août. À l’annonce de son décès, une foule de fidèles silencieux s’est rassemblée spontanément devant son domicile situé à deux pas du centre communautaire du quartier de la Rose pour lire des tehilim (psaumes). Tous sont encore sous le choc de la disparition de celui qu’ils appelaient simplement "le Rav".
Originaire de Tunisie, le Rav Avraham Meimoun a vécu plusieurs années en Israël, où vivent ses deux fils avec leurs familles, avant son arrivée à Marseille. Il était considéré comme l'une des grandes sommités du judaïsme : le rav Ovadia Yossef (ancien grand rabbin séfarade d'Israël et dirigeant spirituel du parti Shas, Ndlr) lui-même lui manifestait un immense respect. Auteur de plusieurs écrits, notamment "Lev ‘Hanoun", mohel (circonciseur) renommé ayant formé des dizaines de disciples, il était connu aussi bien pour son érudition, que pour sa grande tolérance, sa bienveillance, sa disponibilité et son amour de chaque juif, religieux ou non. "En général lorsqu’un grand rav décède, on ne voit que des hommes présents pour lui rendre hommage. Mais là, il y a quasiment autant de femmes que d’hommes !", a fait remarquer une jeune femme dans la foule présente devant le domicile du défunt.
Le Rav Avraham Meimoun vivait depuis des décennies avec son épouse dans un appartement modeste de ce quartier populaire de Marseille, dans lequel il passait le plus clair de son temps à étudier la Torah. Homme d’une grande discrétion et peu bavard, il attirait les foules et les admirateurs et chacun de ses déplacements était suivi par de nombreux fidèles.
Le rabbin était très investi dans le bikour holim (visite aux malades) et la hevra kadisha (dernier devoir au défunt). Ses disciples regorgent également d’anecdotes à propos des miracles dont il serait à l’origine et de son "omniscience". Il était enfin célèbre dans la communauté pour aider les couples qui n’arrivaient pas à avoir d’enfants et "ramener à la Torah" les juifs les plus laïcs. "Le rav a fait tellement pour moi, c’était un tel tsadik (juste) que je suis obligé de déchirer mon vêtement", témoigne devant le domicile du rabbin Avi (Avraham), qui a choisi son prénom hébraïque en l'honneur de ce dernier. C’est le sentiment qui règne : ce soir, beaucoup de juifs marseillais ont perdu leur "père".