Nouvelles manifestations en France, les raffineries en ligne de mire

AFP

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Une manifestante tient une pancarte lors d'une manifestation contre la réforme des retraites sur la Place d'Italie à Paris, le 18 mars 2023
JULIEN DE ROSA / AFPUne manifestante tient une pancarte lors d'une manifestation contre la réforme des retraites sur la Place d'Italie à Paris, le 18 mars 2023

Les opposants à la réforme des retraites en France ont continué samedi à exprimer leur colère avec de nouveaux rassemblements et des blocages

Deux jours après la décision de l'exécutif de passer en force au Parlement, la crainte d'une radicalisation de la contestation a conduit les autorités à interdire tout rassemblement sur la place parisienne de la Concorde, proche de l'Assemblée nationale et du palais présidentiel de l'Elysée, où des heurts ont éclaté jeudi et vendredi au soir.

Depuis la décision jeudi du gouvernement de faire adopter la réforme sans vote à l'Assemblée nationale, la mobilisation s'est durcie, portée par de jeunes militants peu nombreux mais lassés des manifestations massives qui se succèdent depuis mi-janvier pour s'opposer au relèvement de 62 à 64 ans de l'âge de départ à la retraite.

Pour justifier l'interdiction de rassemblements samedi à Concorde, la préfecture a fait état de "risques sérieux de troubles à l'ordre et à la sécurité publics".

Vendredi soir, comme la veille, des milliers de personnes s'étaient retrouvées sur cette très vaste place qui ouvre notamment sur l'avenue des Champs-Elysées. 

A la tombée de la nuit, plusieurs centaines de personnes avaient affronté à coups de bouteilles et de feux d'artifice les policiers, qui ont répliqué par des jets de gaz lacrymogène. 

La veille, 10.000 manifestants s'y étaient rassemblés, ulcérées par la décision d'Emmanuel Macron d'activer l'article 49.3 de la Constitution permettant l'adoption d'un texte sans vote.

Revers pour Macron 

Dénonçant "un déni de démocratie", l'intersyndicale a appelé à intensifier la mobilisation alors que le gouvernement fera face lundi à deux motions de censure qui, en cas d'adoption, conduiraient à son renversement à l'abandon de ce projet sur lequel Emmanuel Macron joue beaucoup de son crédit.

Des rassemblements étaient prévus tout au long du week-end: place d'Italie à Paris, dans la deuxième ville française Marseille mais aussi à Brest (ouest), Toulon, Montpellier (sud-est)... Une nouvelle journée d'action nationale est prévue jeudi.

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Syndicat classé à gauche, la CGT a marqué les esprits en annonçant samedi que la plus grande raffinerie du pays, située en Normandie (nord-ouest) et exploitée par TotalEnergies, avait commencé à être mise à l'arrêt.

Un cap a ainsi été franchi. Depuis le début du mouvement, les expéditions de carburant ont été bloquées mais aucune des sept raffineries françaises n'avait été totalement mise à l'arrêt.

Très lourde techniquement, l'opération prendra plusieurs jours et ne devrait pas provoquer de pénuries de carburant immédiates dans les stations-service du pays mais elle pourrait faire tâche d'huile. 

Au moins deux autres raffineries, celle de PetroIneos à Lavéra (sud-est) et celle de TotalEnergies à Gonfreville-l'Orcher (nord-ouest), pourraient être mises à l'arrêt au plus tard lundi, a prévenu le syndicat CGT.

Le ministre français de l'Industrie Roland Lescure a laissé entendre samedi que le gouvernement pourrait répliquer en procèdent à des réquisitions d'agents.

"Déni démocratique" 

D'autres secteurs clés de l'économie restent par ailleurs perturbés par la mobilisation, notamment dans les transports et la collecte de déchets ménagers.

A Paris, environ 10.000 tonnes de déchets sont en attente de collecte sur les trottoirs de la capitale même si la mairie a constaté, samedi, une "stabilisation" de ce stock. 

Le gouvernement a là aussi assuré que des agents seraient réquisitionnés pour commencer à collecter des déchets, qui débordent dans plusieurs quartiers de la ville.

Partout dans les rassemblements, la colère était palpable.

"Que vais-je répondre à des jeunes qui me disent "voter ça sert à rien"? Moi, j’ai élu mon député et il est privé de vote. On est en plein déni démocratique", a expliqué une manifestante à Besançon (est) où certains participants ont brûlé leur carte d'électeur.

A Nantes et Brest, dans l'ouest, où des milliers de personnes ont battu le pavé samedi, les manifestations ont été marquées par des tensions avec les forces de l'ordre.

Le gouvernement a choisi de relever l'âge de départ à la retraite pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population. 

La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ est le plus bas, même si les systèmes ne sont pas complètement comparables.

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