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Tunisie: un citoyen de confession juive nommé ministre du Tourisme
René Trabelsi est aussi membre de la commission d’organisation du pèlerinage de la Ghriba
L’homme d’affaire et professionnel du tourisme René Trabelsi a été nommé ministre tunisien du Tourisme et de l’Artisanat par le chef du gouvernement de Youssef Chahed ce lundi, lors d’un remaniement attendu de longue date.
Le nouveau ministre tunisien est également membre de la commission d’organisation du pèlerinage juif de la Ghriba. Il a été désigné en remplacement de Salma Elloumi Rekik, nommée directrice de cabinet au Palais de Carthage.
La radio privée Mosaïque FM a rapporté que René Trabelsi devient ainsi le troisième ministre de confession juive depuis l’indépendance de la Tunisie.
Courant avril, le parti Ennahdha avait présenté un candidat israélite sur sa liste islamique pour les municipales dans la ville portuaire de Monastir.
Cette candidature est une fierté pour la communauté (juive)", avait estimé René Trabelsi, dont le nom avait déjà circulé en 2013 pour le poste de ministre du Tourisme.
"Elle a donné une belle image de la Tunisie ouverte qu'on veut partager", avait ajouté l’homme d’affaire.
"Une équipe gouvernementale solidaire et responsable"
Au total, treize nouveaux ministres entrent au gouvernement, mais la plupart des principaux ministères ne changent pas de main. Les ministres des Affaires étrangères, de la Défense, de l'Intérieur ou encore des Finances restent à leurs postes.
M. Chahed a indiqué avoir effectué ce remaniement pour former "une équipe gouvernementale solidaire et responsable qui peut assurer la stabilité dans le pays, résoudre les questions brûlantes et sortir de la crise politique".
L’homme de 43 ans, nommé chef d'un gouvernement d'union nationale en août 2016, a dépassé en longévité tous ses prédécesseurs depuis la chute de Ben Ali en 2011.
Une faction de son parti Nidaa Tounès, menée par le fils de Béji Caïd Essebsi, chef de l'Etat et fondateur du parti, ainsi que la puissante centrale syndicale UGTT ont réclamé son départ pendant des mois.
M. Chahed a fini par créer un bloc parlementaire concurrent, qui a relégué Nidaa Tounès au troisième rang au Parlement derrière le parti d'inspiration islamiste Ennahdha et le groupe pro-Chahed.
Avec ce remaniement, "j'ai assumé mes responsabilités en tant que chef du gouvernement et selon les prérogatives que me donne la Constitution", a-t-il déclaré à la presse, laissant entendre qu'il s'était affranchi de la tutelle présidentielle.
La présidence a réagi par la voix de sa porte-parole Saïda Garrach, qui a indiqué sur Mosaïque FM que "le président de la République n'est pas d'accord avec cette démarche (...) caractérisée par la précipitation et la politique du fait accompli".
L'instabilité politique inquiète nombre d'observateurs, la Tunisie restant fragilisée, en dépit d'une reprise de la croissance, par un chômage persistant au-dessus des 15% et une inflation dépassant les 7,5%, qui exacerbent des tensions sociales fortes, près de huit ans après la révolution.
(Avec agence)