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"Faire des propos de Merah un contenu littéraire pose problème" (Lacombe)
Stéphane Lacombe a réagi à la pièce sur les dernières heures de Merah présentée au Festival "OFF" d'Avignon
Le directeur adjoint de l'Association française des victimes du terrorisme Stéphane Lacombe a réagi lundi soir sur i24NEWS à la polémique au sujet d'une pièce de théâtre, sur les dernières heures du terroriste de l'école juive et des militaires de Toulouse Mohamed Merah, présentée cette année au Festival "OFF" d'Avignon.
"N'ayant pas vu cette pièce, je me garderai bien de me positionner sur un plan artistique, ce qui m'interpelle, c'est à la fois le symbole et la temporalité. Si nous prenons la chronologie, nous sommes à quelques jours du premier anniversaire de la commémoration de l'attentat du 14 juillet à Nice avec toutes les conséquences qui ont suivi. Les victimes sont toujours très affligées", a expliqué Stéphane Lacombe.
"On s'interroge vraiment sur l'opportunité de proposer une telle création 'donnant la vedette' à un terroriste alors que les familles n'ont pas encore surmonté cette épreuve judiciaire", a-t-il continué faisant allusion aux procès des attentats de Toulouse et Montauban qui vont avoir lieu cet automne.
Il y a cinq ans, entre le 11 et le 22 mars 2012, sept personnes étaient assassinées à Toulouse et à Montauban, victimes de l'équipée meurtrière d'un terroriste inspiré par la haine.
Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Mohamed Legouad ont été tués parce qu'ils étaient des soldats français tandis que Jonathan Sandler, ses deux fils Gabriel 3 ans et Arieh 6 ans ainsi que Myriam Monsonego, 8 ans et fille du directeur de l'école que Merah a attaquée, ont été tués parce qu'ils étaient de confession juive.
"Sans parler au nom de toutes les victimes, je dirais que tout contenu, toute œuvre artistique visant à sublimer d'une certaine façon des actes qui restent inqualifiables, le fait de faire des propos de Merah une forme de contenu littéraire - car à partir du moment où on les intègre sous une forme théâtrale, on considère que cela peut rentrer dans le champ de la littérature - cela pose problème", a souligné M. Lacombe sur i24NEWS.
"Notamment cette phrase prononcée 'moi j'aime la mort comme vous vous aimez la vie'. Ce n'est pas une création rimbaldienne de Merah mais c'est une phrase que tout djihadiste connait", a-t-il précisé.
Bien qu'indiquant qu'il n'avait pas encore vu la représentation théâtrale, le directeur adjoint de l'Association française des victimes du terrorisme s'est dit "interpellé" par une telle pièce et l'opportunité de médiatiser "un tel événement".
Par ailleurs, Latifa Ibn Ziaten, la mère d'Imad, a déclaré qu'elle avait été "choquée" par la pièce du jeune metteur en scène Yohan Manca.
Interrogé sur la réaction de madame Ibn Ziaten, Stéphane Lacombe l'a jugée "particulièrement légitime", et s'est insurgé contre "une volonté de figer ses derniers instants comme s'il s'agissait d'un personnage illustre, historique qui aurait accompli une grande œuvre".