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Iran : la protestation s'étend aux étudiants et aux routiers
De nombreuses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des foules d'étudiants manifestant et scandant "Mort au dictateur" devant les universités, principalement dans la capitale


La vague de protestation qui secoue l'Iran depuis le début de la semaine a franchi ce mercredi un cap décisif avec l'entrée en scène de milliers d'étudiants venus grossir les rangs d'un mouvement initié par les commerçants des bazars de Téhéran. Cette mobilisation croissante intervient dans un contexte de crise économique sans précédent et suscite une surveillance attentive de la part d'Israël.
De nombreuses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des foules d'étudiants manifestant et scandant "Mort au dictateur" devant les universités, principalement dans la capitale. Des rassemblements ont également été enregistrés sur l'île de Qassem dans le golfe Persique, ainsi que dans d'autres villes comme Hamadan et Ispahan. À Téhéran, une femme tête nue a mené une manifestation dans le Grand Bazar, défiant ouvertement les règles imposées par le régime.
Le mouvement a pris une ampleur supplémentaire mardi avec l'adhésion des syndicats de chauffeurs routiers iraniens, un secteur stratégique et influent de l'économie nationale. Cette convergence de différentes catégories socioprofessionnelles témoigne de l'exaspération grandissante face à la détérioration des conditions de vie.
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Ces manifestations s'inscrivent dans un contexte de récession économique majeure. Le rial iranien poursuit sa chute vertigineuse, tandis que le pays fait face à une crise de l'eau et de l'énergie particulièrement aiguë. Les sanctions internationales massives aggravent encore la situation, rendant inaccessibles les produits alimentaires de base comme la viande ou le poisson pour une large partie de la population. L'augmentation récente et inhabituelle du prix du carburant pour de nombreux consommateurs a constitué la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Le président iranien Massoud Pezeshkian a tenté ces derniers jours d'apaiser les tensions par le dialogue, mais ses efforts demeurent infructueux. Dans un geste qui trahit son désarroi, il a nommé Abdul-Nasser Hemati à la tête de la Banque centrale, alors même que ce dernier avait été limogé de son poste de ministre de l'Économie en début d'année, en pleine débâcle du rial. La semaine dernière, le président du Parlement iranien, Mohammad-Bagher Ghalibaf, est allé jusqu'à menacer de destituer le président face à cette grave crise.
Dans une mesure aussi controversée qu'inhabituelle, les autorités ont annoncé mardi la fermeture des administrations dans 25 des 31 provinces du pays. Officiellement justifiée par une "vague de froid exceptionnelle", cette décision suscite de vifs scepticismes. Une vérification des prévisions météorologiques révèle qu'aucun changement notable n'est intervenu par rapport aux jours précédents. L'Iran connaît certes des températures basses depuis le début de la semaine, mais la situation reste stable. De nombreux observateurs estiment que la véritable motivation de cette fermeture réside dans la crainte de voir les manifestations et les émeutes se propager au sein même des administrations.
À ce stade, le régime semble déployer des efforts considérables pour contenir la contestation sans recourir à une répression trop brutale, susceptible de provoquer un embrasement général. Toutefois, des témoignages locaux font déjà état de tirs des forces de sécurité sur les manifestants, d'arrestations et de blessures graves.
L'opposition iranienne soupçonne les autorités d'avoir enlevé Mehdi Baik, un journaliste chevronné et rédacteur politique du quotidien réformiste "Etmad". Son épouse a signalé sa disparition après qu'il ait couvert la manifestation de lundi dans le centre de Téhéran. D'autres arrestations de manifestants sont également rapportées, bien qu'elles restent relativement limitées pour l'instant.