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Le chef du Mossad explique pourquoi il s'est opposé aux frappes israéliennes au Qatar
Quelques heures seulement après l'opération menée conjointement par le Shin Bet et Tsahal, David Barnea a rédigé une déclaration interne exposant sa position critique


De nouvelles révélations mettent au jour les profondes divisions qui ont précédé l'opération israélienne manquée de mardi dernier à Doha. Le chef du Mossad, David Barnea, avait explicitement manifesté son opposition à cette attaque, estimant qu'elle risquait de compromettre les négociations en cours sur la libération des otages.
Une opposition formalisée par écrit
Quelques heures seulement après l'opération menée conjointement par le Shin Bet et Tsahal, Barnea a rédigé une déclaration interne exposant sa position critique, largement diffusée à l'ensemble des employés du Mossad. Dans ce message, le chef des services de renseignement extérieurs a souligné que la non-participation de son organisation à l'opération n'était "pas un hasard" et a explicité son opposition au timing choisi pour cette attaque.
La position de Barnea reposait sur une analyse stratégique différente de celle du Shin Bet. Selon le chef du Mossad, la réunion des hauts responsables du Hamas qui a été visée aurait dû se tenir, permettant d'obtenir leur réponse officielle à la dernière proposition d'accord sur les otages. Il estimait que cette réponse, même si elle n'était pas entièrement positive, aurait pu ouvrir la voie à des avancées dans les négociations.
Des services de sécurité divisés
Les dissensions au sein de l'appareil sécuritaire israélien se sont cristallisées lors d'une discussion téléphonique cruciale précédant l'autorisation de l'attaque. Les différents services ont présenté des interprétations divergentes des signaux transmis par le Hamas concernant la nouvelle proposition américaine de libération des otages.
Le Shin Bet qualifiait la position du Hamas de "négative", tandis que le Mossad l'interprétait comme "ni négative ni positive", plaidant pour attendre la réponse officielle qui devait suivre la réunion de Doha. Cette analyse était partagée par le chef d'état-major et le directeur du Conseil de sécurité nationale, formant un front uni pour la temporisation.
Ces trois responsables ont exprimé leurs réserves dans des termes sans équivoque : "Il ne nous est pas possible de lancer une opération visant à faire échouer une réunion censée apporter une réponse à une proposition à laquelle Israël a dit oui. Il vaut mieux attendre."
Malgré cette opposition significative au sein de l'establishment sécuritaire, le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le ministre de la Défense ont tranché en faveur de l'opération. Soutenus par le chef par intérim du Shin Bet, ils ont argué de l'absence de signaux positifs de la part du Hamas et de l'incertitude quant à de futures opportunités d'action.
Une opération aux modalités contraintes
La réticence du Mossad à déployer des agents sur le terrain qatari a directement influencé les modalités opérationnelles. Selon le Washington Post, cette opposition a contraint l'armée de l'air à opter pour une frappe à distance, les avions tirant des missiles balistiques à distance depuis la mer Rouge, sans pénétrer dans l'espace aérien qatari.
Les services de sécurité israéliens reconnaissent désormais que l'opération constitue "un échec total". Les renseignements disponibles indiquent que les dirigeants du Hamas se trouvaient à une trentaine de mètres du point d'impact, expliquant que seuls des gardes de sécurité et des proches aient été tués, tandis que les hauts responsables visés n'auraient été que légèrement blessés.
Cette révélation des divisions internes soulève des questions sur le processus décisionnel israélien et pourrait avoir des répercussions sur les futures négociations, d'autant que les craintes exprimées par le Mossad concernant l'impact sur les discussions sur les otages semblent s'être concrétisées.