La famille Dawabsheh pas éligible à une indemnisation de la part d'Israël
Les victimes palestiniennes de l'incendie devront adresser une demande spéciale au ministère de la Défense
Si l'attaque de Kfar Douma a été unanimement qualifiée d'acte terroriste en Israël, la famille n'est éligible à aucun dédommagement, comme peuvent l'être les victimes juives du terrorisme palestinien.
La loi qui détermine l'attribution d'indemnisation aux victimes du terrorisme ne s'applique qu'aux citoyens et résidents israéliens, y compris ceux qui se trouvent en Cisjordanie.
La loi a fait toutefois l'objet d'un amendement suite à un attentat perpétré en 2005 par un soldat israélien dans le village de Shfar Amr (nord), qui avait ouvert le feu dans un bus et tué quatre Arabes israéliens.
L'amendement permettait d'inclure des attaques terroristes juives contre les Arabes israéliens, à condition que les attaques en question ne soient pas liées au conflit israélo-palestinien et qu'elles concernent des citoyens ou résidents israéliens.
Afin de toucher une indemnisation en accord avec la loi, la famille Dawabsheh devra faire une demande spéciale auprès du comité interministériel exceptionnel, placé sous l'égide du ministère de la Défense.
Plus tôt dans la semaine, le député Youssef Jabareen (Liste arabe unifiée) a envoyé une lettre au procureur général Yehuda Weinstein pour lui demander de faire en sorte que la loi permette l'indemnisation de toutes les victimes palestiniennes du terrorisme juif.
"Le cas de la famille Dawabsheh révèle le caractère absurde des dispositions légales et politiques qui existent aujourd'hui dans l'attribution de compensation", écrit Jabareen.
"Alors que la loi en Israël protège les victimes du terrorisme palestinien en leur garantissant le versement d'indemnités, les Palestiniens victimes d'attaques perpétrées par des Juifs ne bénéficient pas des mêmes dispositions. De fait, cette situation prive la famille Dawabshesh d'un dédommagement alors que dans de pareilles circonstances, des victimes juives auraient été indemnisées par l'Etat", explique-t-il.
Jabareen ajoute que cet état de fait créé une "discrimination inacceptable".
Selon lui, "les victimes d'attaques nationalistes, qu'elles soient juives ou arabes, devraient pouvoir toucher une indemnité de l'Etat".
Dan Yakir, représentant officiel de l'association pour les droits civiques en Israël a lui aussi souligné l'aspect discriminatoire de la loi.
"Ceci n'est qu'un exemple supplémentaire de la différence inacceptable qui existe au quotidien entre les Palestiniens et les colons en Cisjordanie", a-t-il déclaré.
Alors que les Israéliens vivant dans les implantations sont automatiquement indemnisés, les Palestiniens doivent faire une demande auprès du comité exceptionnel.
"Dans le fond, quand les Palestiniens demandent un dédommagement, c'est plutôt sous la forme d'une demande de traitement de faveur auprès du ministre de la Défense", continue Yakir.
"Ceci est intolérable surtout compte tenu de la sévérité et des maux qui ont touchés la famille Dawabsheh. Le ministre de la Défense devrait attribuer une indemnité intégrale à la famille de sa propre initiative, sans que celle-ci n'ait à formuler une demande".
Il a aussi proposé que le commandant des forces de défense israélienne en Cisjordanie qui administre la région, ordonne que les principes de la loi israélienne s'appliquent également aux victimes palestiniennes du terrorisme.
Le bureau de Weinstein a confirmé avoir reçu la lettre de Jabarenn et déclaré qu'il y répondra "de façon appropriée".