Israël instaure pour la première fois une journée nationale dédiée à l'alyah des Juifs du Yémen
La date retenue correspond au départ du premier avion de la phase "Sur des ailes d'aigles" de l'opération "Tapis volant", qui permit l’acheminement d’environ 50 000 Juifs du Yémen en 1949-50


Pour la première fois de son histoire, Israël a célébré lundi une journée nationale consacrée à l’immigration des Juifs du Yémen et à la mémoire de ceux qui ont péri durant ce périple. L’initiative, portée par le député Yonatan Mishraki (Shas), président de la commission de la Santé de la Knesset, a abouti à l’adoption d’une loi qualifiée d’historique.
Ce nouveau jour commémoratif vise à mettre en lumière l’héritage culturel et spirituel des Juifs yéménites, ainsi qu’à rappeler leur contribution essentielle à la construction du pays. La date retenue correspond au départ du premier avion du camp de transit de Hashed, à Aden, vers Israël, dans le cadre de la phase "Sur des ailes d'aigles" de l'opération "Tapis volant", qui permit l’acheminement d’environ 50 000 Juifs du Yémen, soit la quasi totalité de la population juive du pays, peu après la création de l’État, entre 1949 et 1950.
L’alyah yéménite, toutefois, ne commence pas en 1949 : les premières vagues datent de 1881, avec le mouvement "E‘eleh BeTamar", inspiré d’un verset du Cantique des Cantiques évoquant rédemption, persévérance et foi. Ces pionniers entreprirent un long voyage à pied pour s’installer sur la terre d’Israël, conformément à la tradition religieuse.
Au camp de Hashed, construit pour accueillir 500 personnes mais en hébergeant jusqu’à 13 000, les conditions étaient extrêmement difficiles. Entre 650 et 900 immigrés auraient perdu la vie durant le trajet ou dans le camp.
Dans un message enregistré, le président Isaac Herzog a salué l’instauration de cette journée : "Pour la première fois, le calendrier national inclut un jour dédié à l’immigration des Juifs du Yémen, une alyah continue, antérieure à l’État et même au mouvement sioniste. Aujourd’hui, Israël dit clairement aux immigrants yéménites et à leurs descendants : merci. Que ce jour soit un symbole d’espoir, d’identité et d’unité."
Pour Mishraki, cette reconnaissance était attendue depuis longtemps : "L’histoire des Juifs du Yémen n’est pas un détail. C’est une pierre angulaire de l’édification du pays. Lorsque j’ai fait adopter cette loi, j’ai senti des milliers d’âmes derrière moi réclamant justice. Trop longtemps, ce récit est resté confiné à la communauté. La loi affirme désormais qu’il s’agit d’un chapitre héroïque qui doit être enseigné partout."
Le texte prévoit trois piliers : une séance spéciale de la Knesset autour du 15 kislev (décembre), une conférence académique annuelle pilotée par le ministère du Patrimoine retraçant l’histoire complète de l’alyah yéménite, et un ensemble de programmes éducatifs destinés à transmettre aux jeunes générations les traditions et la culture de cette communauté fondatrice.