"Les assassinats d'Israël sont du terrorisme parraîné par l'Etat" (Iran)
Le terroriste libanais Samir Kuntar a été tué en Syrie la nuit dernière par l'armée israélienne
L'armée de l'air israélienne a abattu le terroriste Samir Kuntar libanais lors d'un bombardement sur la banlieue de Damas dans la nuit de samedi à dimanche, rapportent les médias arabes.
Condamné en 1980 par Israël pour l'assassinat d'un père de famille et de sa fille, il avait été libéré dans le cadre de négociations entre Israël et le Hezbollah.
Selon des médias arabes dont la chaîne du Hezbollah Al-Manar, huit autres personnes ont été tuées dans les bombardements imputés à Israël. Tsahal aurait bombardé la maison où vivait Samir Kuntar, qui était un membre actif du Hezbollah. Selon ces sources, la maison s'est effondrée et Kuntar a été tué sous le poids des décombres.
Al Manar a indiqué que deux avions de l'armée de l'air israélienne ont pénétré l'espace aérien syrien, et ont tiré quatre missiles à longue portée dans le bâtiment de six étages.
Le ministère des Affaires étrangères iranien condammne la frappe qui a tué Kuntar, la qualifiant "d'assassinat israélien".
"Les assassinats de la part d'Israël sont devenus systémiques et ils sont une forme dangereuse de terrorisme parrainé par l'État", a déclaré Hussein Jaber Ansari, porte-parole du ministère des Affaires étrangères Iraninan.
Les rapports indiquent que l'attaque a tué également Farhan Essam Shaalan, un commandant la milice "opposition nationale syrienne dans le Golan", créée dans le but de mener des actions contre Israël.
Al Manar affirme par ailleurs qu'Israël a coordonné la frappe avec les rebelles qui luttent contre les forces du président syrien Bashar Assad.
Smadar Haran, la veuve de Danny Haran, l'Israélien tué par Kuntar en 1979, a déclaré dimanche matin que "ce qui a été fait cette nuit est une forme de justice".
"Après avoir été libéré de sa prison israélienne, Kuntar n'a cessé de planifier des attaques contre d'autres Israéliens. Je pense que l'Etat a payé sa dette", a-t-elle ajouté.
Le frère de Samir Kuntar lui a rendu hommage dans un message diffusé sur twitter: "Nous sommes fiers d'appartenir à la famille du défunt, après trois décennies pendant lesquelles nous avons appartenu à la famille d'un prisonnier".
La ministre israélienne de la Justice Ayelet Shaked s'est dit "heureuse" d'avoir appris la mort Kantar. "Samir Kantar est un archi-terroriste qui avait tué une fillette en lui fracassant le crâne", a rappelé Mme Shaked.
"L'Etat d'Israël n'a pas revendiqué" le raid qui a visé, selon le Hezbollah un bâtiment résidentiel à Jaramana, en banlieue de Damas, a toutefois précisé Mme Shaked.
Pour le général israélien à la retraite Yaakov Amidror, en ne clamant aucune responsabilité, Israël réduit les possibilités de représailles.
Toutefois, note-t-il, "s'il a été neutralisé par quelqu'un, c'est une bonne nouvelle pour Israël" car "Samir Kantar jouait un rôle-pivot dans les efforts du Hezbollah pour lancer de nouvelles attaques depuis le versant syrien du plateau du Golan".
Accueilli en héros
Le 22 avril 1979, Samir Kuntar et trois autres terroristes arrivent du Liban par la mer Méditerranée, à bord de canots pneumatiques. Ils débarquent dans la nuit prés de la ville de Naharya, non loin de la frontière libanaise.
Ils enlèvent un père de famille (Danny Haran) et sa petite fille de quatre ans (Einat Haran).
Lors d'un échange de tirs avec la police israélienne, Samir Kuntar tue le père sur la plage d'une balle dans la tête. Il fracasse ensuite la tête de la petite fille sur les rochers à l'aide de la crosse de son fusil.
Kuntar expliquera que ce sont les balles des militaires israéliens qui ont eu raison de Danny et niera avoir tué la petite fille Einat. Au cours de l'assaut, un policier israélien est tué, et Samir Kuntar est capturé.
Après son procès en 1980, Samir Kuntar est condamné le 28 janvier 1980 à cinq peines de prison à perpétuité, plus de 47 ans supplémentaires.
En prison, il fait des dizaines de grèves de la faim. Au terme de l'une d'entre elles, Kuntar obtient le droit d'étudier par correspondance. En 1992, il suit les cours de l'université de Tel-Aviv, en Sciences humaines et sociales.
En 2008, Kuntar est libéré après 29 ans purgés en prison, dans le cadre d’un échange de prisonniers avec le Hezbollah contre les corps des soldats israéliens Ehoud Goldwasser et Eldad Regev.
A sa libération, Kuntar est reçu en héros au Liban et en Syrie, et redevient un membre actif du Hezbollah.
La menace d'une frappe israélienne visant Kuntar planait depuis plusieurs mois, lui qui dirigeait un commando ayant pour mission de mener des attaques contre l'Etat hébreu.
Le 30 juillet 2015, l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme avait annoncé la mort de Samir Kuntar, suite à la frappe d'un drone israélien sur un véhicule, près du village de Hader, en Syrie. avant de se rétracter.
En septembre, les Etats-Unis avaient inscrit Kantar sur leur liste des terroristes internationaux, l'accusant d'avoir "joué un rôle opérationnel, avec l'aide de l'Iran et de la Syrie, dans la mise en place d'une infrastructure terroriste sur le plateau du Golan".