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Israël face à un tournant démographique historique : la croissance de la population chute sous les 1 %
Cette baisse spectaculaire résulte de la convergence de trois phénomènes : un solde migratoire devenu négatif, une stagnation du taux de natalité et une hausse du nombre absolu de décès


Pour la première fois depuis la création de l'État d'Israël, le taux de croissance démographique du pays est passé sous la barre symbolique des 1 %, révèle une étude publiée ce mercredi par le Centre d'études de politique sociale TAUB. Ce chiffre de 0,9 % marque un changement profond dans l'évolution de la population israélienne et constitue le niveau le plus bas enregistré depuis le début des années 1980, lorsque le taux atteignait 1,42 % en 1981 et 1,35 % en 1983.
Cette baisse spectaculaire résulte de la convergence de trois phénomènes majeurs : un solde migratoire devenu négatif, une stagnation des taux de natalité et une augmentation attendue du nombre absolu de décès en 2025. « Nous sommes à l'aube d'une nouvelle ère pour la démographie israélienne », explique le professeur Alex Weinreb, directeur de recherche et président du groupe de politique démographique du Centre Taub. « Le pic de l'accroissement naturel est révolu, et le solde migratoire est désormais moins stable, voire négatif. Ces deux facteurs marquent une rupture nette avec les tendances passées. »
Une baisse de la fécondité dans tous les secteurs de la société
L'étude révèle que les taux de fécondité diminuent dans l'ensemble des communautés israéliennes, bien qu'ils demeurent supérieurs aux niveaux enregistrés en 2005. C'est principalement par rapport aux chiffres de 2018 que la baisse apparaît la plus marquée. Les projections pour 2030 dessinent une transformation significative du paysage démographique israélien.
Chez les femmes juives laïques, le nombre moyen d'enfants par femme devrait atteindre 1,7 d'ici 2030. Les femmes religieuses, y compris celles de tradition religieuse modérée, verront leur fécondité diminuer pour s'établir autour de 2,3 enfants par femme. Même au sein de la communauté haredi, traditionnellement caractérisée par une natalité très élevée, une baisse est anticipée avec un taux prévu de 4,3 enfants par femme.
La société arabo-israélienne connaît une évolution parallèle. Les projections indiquent un déclin à 2,7 enfants par femme chez les femmes religieuses et à 2,0 chez les femmes non religieuses au cours de la prochaine décennie, témoignant d'une transition démographique en cours dans cette communauté.
Un exode net inquiétant : plus de départs que d'arrivées
Le phénomène migratoire constitue l'un des facteurs les plus préoccupants de cette tendance démographique. Pour la deuxième année consécutive, et pour la cinquième fois depuis 2000, Israël enregistre une migration nette négative, c'est-à-dire que davantage de personnes quittent le pays qu'il n'y en a qui s'y installent.
Les chiffres de 2025 sont particulièrement frappants : environ 37 000 personnes de plus ont quitté Israël qu'il n'y en a eu qui y ont immigré, une augmentation significative par rapport aux 26 000 recensées en 2024. Cette accélération du solde migratoire négatif soulève des questions sur l'attractivité du pays et les défis auxquels sont confrontés ses habitants, notamment dans le contexte des deux années de guerre que le pays vient de traverser.
Le vieillissement de la population pèse sur les statistiques
L'augmentation du nombre absolu de décès représente le troisième facteur influençant la croissance démographique. Le nombre annuel de décès est passé d'environ 46 000 en 2018 à quelque 51 000 en 2024, et cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir.
Cette évolution s'explique principalement par le vieillissement de la population israélienne. Malgré l'augmentation de l'espérance de vie dans le pays, une proportion importante de la population atteint désormais les 70 et 80 ans. Les projections anticipent une augmentation dramatique de 77 % du nombre annuel de décès d'ici 2040, avec une hausse de 71 % au sein de la population juive et de 111 % au sein de la population arabe.