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Meïr Masri : "Une guerre ouverte entre Israël et la Turquie isolerait Ankara"
Une confrontation directe entre Israël et la Turquie est jugée hautement improbable, selon Meïr Masri qui souligne le rôle dissuasif de l’OTAN, des États-Unis et des intérêts stratégiques communs.


Maître de conférences et analyste des relations internationales, Meïr Masri dresse ce mercredi soir dans "La Grande Edition" un constat sans ambiguïté sur les tensions actuelles entre Israël et la Turquie : derrière la virulence des déclarations d’Ankara, le risque d’une guerre ouverte reste hautement improbable.
Selon lui, la Turquie ne perçoit pas réellement l’alliance entre Israël, la Grèce et Chypre comme une menace stratégique crédible. Cette hostilité s’inscrit davantage dans un registre politique et idéologique, devenu un marqueur du discours turc depuis l’arrivée de l’AKP au pouvoir au début des années 2000. Pour le régime d’Ankara, cet axe régional est présenté comme un « axe du mal », combinant deux antagonismes historiques : la rivalité avec la Grèce et le contentieux chypriote, dont une partie du territoire demeure occupée par la Turquie depuis plus de soixante ans.
Meïr Masri souligne toutefois que cette rhétorique, aussi agressive soit-elle, ne saurait être acceptée par Israël, qui a réagi fermement. Pour autant, Ankara « aime tester les limites, pas les faire exploser ». Une confrontation directe avec Israël isolerait la Turquie sur les plans militaire et diplomatique, notamment au sein de l’OTAN. En provoquant un conflit, Ankara s’exposerait à des sanctions américaines sévères, Washington demeurant à la fois le pilier de l’Alliance atlantique et un allié clé d’Israël.
Le scénario jugé le plus crédible reste celui d’un affrontement indirect et de faible intensité, par procuration, sur le sol syrien. Dans l’hypothèse d’un affaiblissement du régime syrien, la Turquie pourrait activer les milices qu’elle soutient, notamment dans le sud du pays, créant un terrain de friction durable mais sans affrontement direct.
Enfin, malgré une rhétorique turque qualifiée de violente et belliqueuse, Meïr Masri estime que l’espace diplomatique demeure. Israël et la Turquie partagent des alliés communs, au premier rang desquels les États-Unis, ainsi que des intérêts stratégiques convergents, notamment pour empêcher un retour de l’Iran et du Hezbollah en Syrie. Autant de facteurs qui maintiennent le conflit dans le registre des mots plutôt que des armes.