Analyse | Antisémitisme sans frontières, par Raphaël Jerusalmy
Ces organisations ne voient plus, sans cesse et partout, que le sioniste, l’israélien, le juif, au sein de ce brouillard mental dans lequel tout raciste évolue


Qu’ils se nomment Reporters sans frontières, Médecins sans frontières, Amnesty ou Oxfam, ces organismes partagent tous le même antisémitisme obsessionnel, lui aussi sans frontières. Ni lignes rouges. A force de s’obnubiler sur Israël et Gaza, ils négligent le reste de la planète, ne consacrant qu’un degré d’attention limité à des drames humains souvent bien pires. Ils souffrent d’une maladie de la vue appelée amaurose, c’est-à-dire d’une cécité d’origine psychotique, sans lésion décelable de l’œil. Ils ne voient plus que ce qu’ils veulent voir. Ils ne voient plus, sans cesse et partout, que le sioniste, l’israélien, le juif, au sein de ce brouillard mental dans lequel tout raciste évolue, avec pour seul repère l’objet de sa haine.
Or ce que les Antisémites sans frontières trahissent avant tout, ce sont les causes mêmes qu’ils sont censés défendre. La semaine passée, des journalistes arabes ont dénoncé les brutalités et menaces du Hamas à leur encontre pour avoir osé décrire les atrocités que le Hamas inflige aux Palestiniens qui s’opposent à sa tyrannie. Hadeel Oueis, de Jusoor news, révèle que le Hamas a arrêté et torturé les personnes qu’elle avait interviewées au sujet des exactions terroristes. Alors que les journalistes dont Reporters sans frontières prend la défense travaillent pour le compte du Hamas, une plume ou caméra dans une main et un poignard dans l’autre. Nul ne peut couvrir ce qu’il se passe à Gaza sans accepter le contrôle du Hamas sur les données qu’il reçoit et quel personnel local employer. Obtempérer à une telle injonction, c’est trahir l’essence même du journalisme.
De même, les médecins et personnels des ONG doivent prêter une forme d’allégeance pour pouvoir opérer sur le terrain dont les terroristes détiennent le contrôle. Même l’Onu se plie à ces exigences sans broncher. Cette obéissance est une forme de complicité. Elle légitime le pouvoir des terroristes. Exception qui confirme la règle, la World Central Kitchen a montré que l’on pouvait œuvrer efficacement sur le plan humanitaire, sans céder aux menaces du Hamas, ni choisir un camp. A l’inverse, l’UNWRA montre jusqu’à quel point les Antisémites sans frontières sont fallacieux. Et dangereux !
Non seulement ASF ou Antisémitisme sans frontières sabote tout effort de paix et de dialogue, mais il trahit sa propre cause. Au point que les groupes LGBT abandonnent leurs frères et sœurs brimés, pendus, lapidés dans les pays musulmans et les territoires palestiniens, que les féministes passent sous silence le sort des femmes violées et battues dans ces mêmes pays et territoires, lesquels partagent avec eux la même haine du juif. Amnesty International vient de se fendre d’un rapport bidon sur les atrocités commises par le Hamas lors du 07 octobre 2023. Trop peu, trop tard. Trop transparent aussi pour pouvoir couper à leur image biaisée, teintée de politique et de racisme puisqu’ils sélectionnent qui accuser ou pas, qui défendre ou pas, selon leur bon gré.
Personne n’est dupe. Il n’y a pas de pro-palestiniens. Il n’y a que des antisémites, obnubilés par le transfert qu’ils font, consciemment ou non, en imposant leur apartheid à Israël, à ses artistes, à ses chercheurs, et en chantant l’hymne génocidaire « de la rivière à la mer ». Personne ne s’éveille par un beau matin à la souffrance du peuple palestinien. Si quelqu’un avait une telle révélation, un tel degré de conscience morale, ne se lèverait-il pas un autre matin en songeant à la souffrance des femmes afghanes ou des Ouïghours, et un autre matin encore en décidant d’aller manifester pour les enfants que l’on tue au Darfour ou ceux qui meurent de faim au Burundi ? Oxfam et compagnie n’en viennent-ils pas à souhaiter que les petits Palestiniens meurent de faim pour de bon si cela peut servir à enfoncer les ‘sionistes’ ? Pauvre planète.
Toute cette tartufferie de l’antisémite dernière manière est insultante pour Israël. Et elle mène à des actes de violence à l’égard des juifs. Mais le mal est plus profond. A la différence d’autres formes de racisme, ASF ou Antisémitisme sans frontières porte atteinte aux causes mêmes que ses divers organes sont supposés soutenir et aux valeurs qu’ils sont supposés représenter. Au moment où j’écris ces lignes, un enfant meurt de faim quelque part dans un coin refoulé de l’Afrique, tout simplement parce qu’il n’est pas en vedette au palmarès de la bêtise et de la haine. Cet enfant africain meurt de faim parce que les antisémites sans frontières n’ont pas de temps pour lui, occupés qu’ils sont à ‘bouffer du juif’.
Tribunes de guerre, par Raphaël Jerusalmy, commentaires de Mohamed Sifaoui, éditions David Reinharc. Tribunes de guerre 2023-2025 - broché - Raphaël Jérusalmy - Achat Livre | fnac
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