Analyse | Rattacher c’est pacifier, par Raphaël Jerusalmy
Nous n’aurions jamais dû quitter Gaza tant que Gaza n’était pas mûre pour la coexistence pacifique. Ni le sud-Liban tant que Beyrouth n’était pas mûr pour y garantir l’ordre


Alors que le Hamas mène tout le monde en bateau, Washington interdit formellement à Israël d’imposer des sanctions. Alors que Donald Trump, incapable de faire directement pression sur ce ramassis de terroristes, compte sur les pays médiateurs arabo-musulmans pour le faire, ceux-ci traînassent leurs guêtres à n’en plus finir. Et font la fine bouche lorsqu’il s’agit de normaliser leurs relations avec l’État juif et rejoindre les accords d’Abraham. Ils ne se montrent cependant pas si difficiles pour fricoter avec, ou même financer, les sanglantes factions qui déstabilisent toute la région. Alors que la Maison blanche exige de Jérusalem patience et retenue, elle laisse entrer dans la bergerie les féroces loups turcs et qataris.
Tout le monde s’accorde à faire miroiter un avenir doré alors même que, par une atroce ironie du sort, les forces les plus néfastes qui soient entrent dans la danse. Débarrassée de la vipère de l’UNWRA, voici la bande de Gaza confiée aux bons soins d’un panier de crabes où pullulent pêle-mêle la Libye, la Malaisie, le Koweït, l’Indonésie, le Pakistan, le Nigeria, la Turquie, le Qatar, l’Autorité palestinienne, l’Arabie saoudite, tous vivant sous la férule tribale de la corruption, tous soumis à la tyrannie d’un islamisme aussi archaïque qu’intransigeant. Lesquels viennent d’affirmer, du haut de leur haute probité, que bâtir des implantations israéliennes en Judée-Samarie allait à l’encontre du droit international alors qu’ils viennent de s’octroyer Gaza, se posant en tuteurs de fait. Certainement pas en tuteurs légaux.
Gaza n’a connu de calme et de prospérité que pendant « l’occupation » israélienne. Avant cela, sous le joug égyptien, puis ensuite, sous la coupe palestinienne, elle a vécu dans la misère et la peur. Après le départ des Israéliens, elle n’a fait que péricliter, tombant de Charybde en Scylla, pour devenir un fortin de la haine et du djihad le plus primaire. La leçon à tirer ?, nous demande-t-on depuis le 7 octobre. Elle est simple : nous n’aurions jamais dû évacuer la bande de Gaza. Et l’abandonner aux griffes des tortionnaires du Hamas. Comme le Liban n’aurait jamais dû laisser le Hezbollah et le FPLP se renforcer jusqu’à envenimer tout le pays, son économie, sa gouvernance. Comme la Syrie aurait dû être sauvée des horreurs qu’elle a traversées. Sauvée par qui ? Par la communauté internationale, pardi ! Cette même communauté mondiale qui a laissé Assad régner et pourrir la situation. Et les femmes afghanes être brimées et violées. Et des dizaines de milliers d’enfants du tiers-monde mourir de faim et de maladie. C’est cette belle communauté qui joue aujourd’hui le preux chevalier venu à la rescousse des pauvres Gazaouis. L’étalon blanc qu’il monte est-il celui de Mahomet ou d’un croisé ? Ou bien d’un cow-boy de rodéo ?
Nous n’aurions jamais dû quitter Gaza tant que Gaza n’était pas mûre pour la coexistence pacifique. Ni le sud-Liban tant que Beyrouth n’était pas mûr pour y garantir l’ordre. Il en va de même pour un Etat palestinien tant que les conditions favorables à un régime sain et stable ne sont pas réunies. Le seront-elles jamais ? Si on leur accorde trop tôt, cet « Etat » sera récupéré, détourné, aux détriments des Palestiniens eux-mêmes.
Cet Etat ne se trouve pas en Judée-Samarie qui est la terre ancestrale, biblique, héréditaire du peuple hébreu. Le caveau des Patriarches, à Hébron, est aussi saint et sacré que le Temple de Jérusalem. Il est l’essence même de l’identité juive. Et d’aucune autre. Celle des Palestiniens se trouve de l’autre côté du Jourdain. Mais là aussi, il est trop tôt pour annexer. Les conditions ne sont pas réunies, au plan international, cela va sans dire. Mais aussi en interne. La Judée-Samarie risque d’être récupérée, détournée, par d’autres extrémistes, Juifs ceux-là, qui en feraient leur fief, leur bastion alors qu’elle appartient à tout le peuple d’Israël.
La souveraineté territoriale sur la Judée-Samarie, le sud-Liban jusqu’au fleuve Litani, le flanc nord du Golan, répond à une nécessité sécuritaire vitale pour Israël. Les armes et les dollars ne suffisent pas sans la conservation de l’avantage sur le terrain, c’est-à-dire le maintien de zones tampons. Rattacher ces secteurs de protection, c’est les pacifier. C’est libérer leurs habitants des factions qui les exploitent et terrorisent. C’est leur offrir enfin la paix, le bien-être économique, et surtout la possibilité de vivre comme ils l’entendent dans le seul Etat démocratique de tout le Proche-Orient.
Après avoir fait le sale boulot pour tout le monde, il est grand temps de renverser la vapeur. C’est parce qu’Israël tient le dogue islamiste en laisse que la communauté internationale peut venir se pavaner dans Gaza en bienfaitrice et en toute sécurité. Cette vénérable communauté croit-elle sérieusement que quiconque d’autre, au Proche-Orient, puisse lui garantir de telles conditions de travail à son projet de reconstruction ? Lequel a tout l’air d’une nouvelle occupation ou même d’une colonisation. Par le Qatar, la Turquie, l’Indonésie ? Et pourquoi pas la France, monsieur Macron ?
Le 7 octobre enseigne de ne pas évacuer tant que la sécurité d’Israël n’est pas garantie. L'annexion du Golan montre que rattacher un terrain stratégique assure le calme à long terme, même face à un ennemi redoutable. Le rattachement d’une province à un Etat fort et stable qui respecte les droits de ses habitants n’est pas forcément une mauvaise chose pour ceux qui y vivent. Demandez-le aux Alsaciens.