33% des musulmans de France favorables à l’application mondiale de la sharia (sondage)
Si la majorité des musulmans interrogés se disent éloignés de l’islamisme politique, une minorité significative adhère à des principes structurants du frérisme.


Un sondage Ifop publié le vendredi 19 décembre pour la revue Écran de veille met en lumière l’influence de l’islamisme politique, notamment frériste, au sein de l’islam de France. Réalisée auprès de 1 005 personnes se déclarant de confession musulmane, âgées de 15 ans et plus et résidant en France métropolitaine, cette enquête s’intéresse aux représentations idéologiques et politiques, au-delà des seules pratiques religieuses.
Premier constat : une large majorité des musulmans interrogés se disent éloignés du courant des Frères musulmans. Toutefois, une minorité significative s’en revendique. Ainsi, 23 % déclarent se sentir proches de ce courant de pensée, une proportion qui atteint 32 % chez les moins de 25 ans et 27 % chez les 25-34 ans, contre seulement 11 % chez les 35-49 ans. Cette proximité idéologique s’accompagne souvent d’une adhésion partielle ou large à des positions islamistes.
Pour affiner l’analyse, l’Ifop a élaboré un indice de diffusion du frérisme. Selon cet outil, 9,7 % des musulmans de France peuvent être classés comme « sympathisants du frérisme », dont 4,6 % relevant des cercles les plus engagés. Cette influence, historiquement liée à une organisation fondée en 1928 en Égypte, demeure difficile à mesurer précisément en raison de stratégies de discrétion et de dissimulation idéologique.
L’enquête révèle également des clivages marqués sur le plan doctrinal. Un tiers des personnes interrogées estime que la charia a vocation à s’appliquer partout dans le monde, majoritairement par des moyens graduels. Par ailleurs, 22 % jugent la démocratie incompatible avec l’islam, tandis que 67 % la considèrent acceptable sous une forme adaptée.
Au final, l’étude dessine un paysage contrasté : une influence islamiste réelle mais minoritaire, davantage présente chez les jeunes générations, et portée moins par des structures formelles que par la diffusion progressive de normes religieuses et politiques dans l’espace social français.