France : "Je suis un violeur, comme les coaccusés dans cette salle", admet Dominique Pelicot à la barre
"Ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire", a ajouté le retraité de 71 ans, évoquant l’état d’inconscience de sa femme Gisèle qu’il droguait pour la violer et la faire violer


Dominique Pelicot, principal accusé dans l’affaire des viols de Mazan, qui n’était plus apparu à l’audience depuis mercredi dernier pour raisons de santé, a fait son retour devant la cour criminelle de Vaucluse mardi. "Je suis un violeur, comme ceux qui sont dans cette salle", a-t-il affirmé mardi, accusé comme 50 hommes, dans le procès des viols de Mazan.

"Ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire", a ajouté le retraité de 71 ans, évoquant l’état d’inconscience de sa femme Gisèle qu’il droguait pour la violer et la faire violer au domicile familial de Mazan (Vaucluse) par d’autres hommes recrutés sur internet.
L’accusé principal s’exprimait pour la première fois sur le fond depuis l’ouverture de ce procès emblématique des violences sexuelles et de la soumission chimique à Avignon le 2 septembre.

Invité en début d’audience à évoquer son parcours de vie, Dominique Pelicot est d’abord revenu sur deux agressions sexuelles qu’il dit avoir subies pendant sa jeunesse: "De ma jeunesse, je ne retiens que des chocs et traumatismes. En 1971, il y a eu cette belle rencontre (avec Gisèle). C’était trop lourd à porter", a-t-il expliqué d’un voix lente et proche des sanglots. "J’ai tenu 40 ans, j’étais très heureux avec elle, c’était le contraire de ma mère, elle était totalement insoumise. J’avais trois enfants, que je n’ai jamais touchés. Elle ne méritait pas ça, je le reconnais", a-t-il ajouté face à son ex-épouse, assise sur le banc des parties civiles. Selon l’enquête, des photos de sa fille et de ses deux-belles filles, pour certaines nues et prises à leur insu, ont été retrouvées dans son ordinateur;
Lundi soir, une expertise médicale ordonnée par le président de la cour criminelle avait conclu qu’il était en état de comparaître, éloignant, pour le moment, le scénario craint par les victimes d’un report de plusieurs semaines voire plusieurs mois de ce procès hors norme.
Son témoignage est aussi crucial pour le cas des autres hommes, âgés de 26 à 74 ans, jugés à ses côtés. La cour devrait dans les prochains jours poursuivre l’examen, déjà entamé, de quatre d’entre eux: Jean-Pierre M., 63 ans, Jacques C., 72 ans, Lionel R., 44 ans, et Cyrille D., 54 ans. Si certains des accusés ont reconnu avoir été préalablement informés que Dominique Pelicot administrait de puissants anxiolytiques à son épouse, à son insu, pour la rendre inconsciente, d’autres soutiennent avoir seulement cru participer au scénario d’un couple libertin, niant qu’il s’agissait de viols.