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Opération "Narnia" : comment Israël a ciblé l’élite scientifique du programme nucléaire iranien
Une enquête du Washington Post et de PBS Frontline dévoile les coulisses de l’opération, la campagne d’éliminations ciblées menées par Israël contre les scientifiques du programme nucléaire iranien.


Une enquête conjointe du Washington Post et de l’émission PBS Frontline révèle de nouveaux détails sur l’opération secrète menée par Israël contre les scientifiques clés du programme nucléaire iranien. Baptisée « Opération Narnia », cette campagne d’éliminations ciblées visait à frapper le « cerveau » du dispositif nucléaire de Téhéran, au cœur de la guerre éclair de douze jours entre Israël et l’Iran en juin 2025.
À l’aube du 13 juin, alors que les premières frappes israéliennes s’abattaient sur l’Iran, des missiles ont visé des immeubles résidentiels à Téhéran. Parmi les victimes figuraient Mohammad Mehdi Tehranchi et Fereydoun Abbasi, deux figures majeures du nucléaire iranien, tous deux sous sanctions américaines et internationales. Selon Israël, onze scientifiques nucléaires de haut niveau ont été éliminés en quelques jours.
Les services de renseignement israéliens estimaient qu’une simple destruction d’infrastructures ne suffirait pas à neutraliser durablement le programme iranien. Il fallait aussi éliminer une génération d’ingénieurs et de physiciens soupçonnés de travailler à la transformation de l’uranium enrichi en arme nucléaire. Des dossiers détaillés avaient été constitués sur une centaine de scientifiques, avant qu’une douzaine ne soient retenus comme cibles prioritaires.
L’enquête révèle toutefois un coût humain élevé. Le Washington Post et le collectif Bellingcat ont confirmé au moins 71 victimes civiles, lors de frappes visant des scientifiques. Israël affirme avoir tout mis en œuvre pour limiter les dommages collatéraux, tandis que l’Iran évoque plus d’un millier de morts, civils et militaires confondus.
Sur le plan stratégique, les dégâts infligés au programme nucléaire iranien sont jugés importants mais non définitifs. Des responsables israéliens, américains et de l’AIEA estiment que le programme a été retardé de plusieurs années, sans être « totalement détruit », contrairement aux déclarations du président Donald Trump. L’Iran conserve notamment d’importants stocks d’uranium enrichi.
Téhéran, qui maintient que son programme est civil, reste défiant. « On peut tuer des hommes, pas effacer une connaissance », a résumé un proche d’un scientifique éliminé. Une phrase qui illustre les limites, autant que la portée, de cette guerre de l’ombre.