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Interclass: "ce qui compte pour eux, c'est qu'on s'intéresse à eux" (E. Daviet sur i24NEWS)
L'opération InterClass' aide les jeunes à décrypter l'information dans des collèges et des lycées de ZEP
Pour la 3è année consécutive, France Inter lance l'opération InterClass', un dispositif actif permettant à des jeunes de réaliser des reportages diffusés sur l'antenne de France Inter, encadré par la journaliste Emmanuelle Daviet.
Tout au long de l'année scolaire, des collégiens et des lycéens de ZEP sont accompagnés par des équipes pédagogiques bénévoles comprenant des enseignants, des producteurs et des journalistes de France Inter.
L'objectif consiste à décrypter les mécanismes de l'information et de la désinformation mais aussi " les initier au reportage afin de mieux leur faire appréhender le monde des médias pour construire des passerelles entre des mondes qui s'ignorent," indique le site de la radio.
Après les attentats de janvier 2015, "il y a eu des enseignants extrêmement désemparés pour expliquer aux élèves à quoi consistait la liberté d'expression et qui se sentaient très démunis face à ces jeunes qui mettaient en balance l'humour de Dieudonné et l'humour de Charlie Hebdo," a expliqué la journaliste Emmanuel Daviet jeudi soir dans "Conversations avec Anna Cabana" sur i24NEWS.
"Ces propos, très inspirés des thèses conspirationnistes, sont entendus depuis trois ans c'est à dire depuis qu'on a commencé l'opération Interclass", a-t-elle affirmé.
"Des élèves exprimaient qu'ils n'étaient pas Charlie et la minute de silence a été perturbée dans beaucoup d'établissements," a-t-elle ajouté en précisant que "certains élèves ont décrété qu'ils ne se tairaient pas puisque leurs parents ne le voulaient pas".
"D'autres ont entonné des chants en lien avec la Palestine et pour les enseignants, ça a été très difficile de contenir toute cette jeunesse qui parfois n'étaient pas du tout en adéquation avec cette belle unité nationale qu'on a brandi alors comme un étendard", a-t-elle martelé.
"un acte politique"
Cette démarche s'inscrit dans un but pédagogique mais aussi comme un acte politique qui consiste à expliquer les rouages de l'information, leur assurer "que le gouvernement ne nous dicte pas ce que l'on doit faire,"a-t-elle soutenu.
"Ils pensaient que les attentats de Nice n'ont jamais eu lieu, que tout cela n'était qu'un grand mensonge collectif", a exprimé Mme Daviet sur i24NEWS.
La journaliste a réitéré la quasi omniprésence de la théorie du complot qu'elle considère comme "une peste contemporaine".
"Pour eux, il n y a pas de source, tout se vaut et toutes les paroles se confondent", a-t-elle affirmé en signalant que "la religion structurait l'esprit de ces enfants."
Mme Daviet a mis en lumière l'existence de débats et l'espace de parole "qui manque dans l'éducation nationale pour ces établissements".
Pour cette année, chaque classe s’emparera de l’un des mots de la devise républicaine "Liberté, Egalité, Diversité" et l’illustrera dans le domaine, le secteur et le lieu de son choix avec des reportages et des témoignages.
"J'ai tenu à ce qu'on travaille sur la devise républicaine cette année parce qu'après les attentats de novembre 2015, les réactions des élèves étaient très différentes," a expliqué Mme Daviet sur i24NEWS.
Ce programme, visant à "réintégrer" ces élèves dans la République, suscite l'enthousiasme de ces jeunes car "il leur donne une perception très différente de la société dans laquelle ils grandissent."
"Ce qui compte pour eux, c'est qu'on s'intéresse à eux," a-t-elle conclu.
Pour revoir l'intégralité de l'intervention d'Emmanuel Daviet :