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Polémique en Croatie après un concert aux relents pro-nazis
Le chanteur Marko Perković a lancé son spectacle avec le salut pro-nazi "Za dom spremni" ("Pour la patrie prêts !"), utilisé par le régime oustachi durant la Seconde Guerre mondiale


Un concert géant organisé samedi soir à Zagreb, la capitale croate, a suscité une vive controverse, après que le chanteur Marko Perković, alias "Thompson", a lancé son spectacle avec le salut pro-nazi "Za dom spremni" ("Pour la patrie prêts !"), utilisé par le régime oustachi durant la Seconde Guerre mondiale.
L’événement, présenté comme le plus grand concert jamais tenu en Croatie avec près d’un demi-million de spectateurs, a vu une foule nombreuse reprendre ce cri de ralliement, autrefois slogan officiel de l’État indépendant de Croatie, un régime fasciste allié aux nazis, responsable de la mort de centaines de milliers de Serbes, de Juifs, de Roms et de dissidents croates entre 1941 et 1945.
Bien que l’utilisation de ce salut soit passible d’une amende en Croatie, les tribunaux ont autorisé Perković à l’employer dans un cadre artistique. Le chanteur affirme que son répertoire évoque les souffrances de la guerre d’indépendance croate des années 1990, plutôt qu’un quelconque hommage au passé fasciste. Toutefois, de nombreux observateurs y voient une glorification à peine voilée de l’idéologie oustachie, régulièrement dénoncée par les organisations juives et les défenseurs des droits de l'homme.
La présence du Premier ministre Andrej Plenković lors des répétitions du concert, aux côtés de sa famille, a été perçue par certains comme une forme de caution implicite. L’ex-Première ministre Jadranka Kosor a fustigé l’attitude des autorités et des médias, les accusant de complaisance envers le chanteur nationaliste. "L'État, la ville et les chaînes de télévision se mettent au service d’un seul homme", a-t-elle dénoncé sur X (ex-Twitter).
La médiatrice de la République, Tena Šimonović Einwalter, a elle aussi critiqué le manque de condamnation officielle : "Depuis des années, on ne dit pas clairement que la glorification des heures les plus sombres de l’Histoire est inacceptable et illégale", a-t-elle déclaré.
L’ancien président serbe Boris Tadić a, quant à lui, évoqué une "honte pour la Croatie et pour l’Union européenne", dénonçant une "ambiance sinistre où l’on célèbre encore aujourd’hui des symboles fascistes, avec des jeunes en chemises noires reprenant les codes de l’Ustasha".