Une mangaka japonaise devient l'improbable ambassadrice d'Israël
"Aimer Israël, c'est aussi combattre l'antisémitisme. Je vais les combattre avec des choses positives, avec de l'amour", témoigne Makoto Tanaka

Dans un monde où les tensions géopolitiques divisent souvent les nations, une histoire inattendue émerge : celle de Makoto Tanaka, une auteure de manga japonaise devenue une véritable ambassadrice culturelle pour Israël. Son parcours unique illustre comment l'art peut transcender les frontières et rapprocher les cultures.
Tout a commencé il y a trois ans, lorsque Makoto Tanaka a regardé la série "Unorthodox" sur Netflix. Cette plongée dans le monde juif orthodoxe a éveillé sa curiosité pour la culture israélienne. Elle s'est alors immergée dans la musique israélienne, découvrant notamment le chanteur hassidique Motti Steinmetz. "C'était le début de mon histoire d'amour avec Israël," confie-t-elle.
Passionnée, Tanaka a commencé à apprendre l'hébreu en autodidacte, intégrant cette nouvelle langue dans ses dessins de manga. Elle partage son amour pour la culture israélienne sur Instagram depuis trois ans, attirant l'attention d'un public international. Son engagement a pris une nouvelle dimension lorsqu'elle a publié un manga sur Noa Argamani, une jeune Israélienne retenue en otage à Gaza. Ce projet, réalisé en partenariat avec l'ambassade d'Israël au Japon, visait à humaniser les otages. "Ce que j'ai voulu montrer, c'est que ce ne sont pas des gens spéciaux, ce sont des gens normaux comme nous," explique Tanaka. Malgré les tensions actuelles et les avertissements de son gouvernement, Tanaka n'a pas hésité à se rendre à Tel-Aviv pour le festival Animix. Cette visite a été l'occasion d'une rencontre émouvante avec Noa Argamani, libérée peu après la publication du manga la concernant.
L'œuvre de Tanaka va au-delà du simple divertissement. Elle utilise ses personnages de manga pour soutenir les victimes du terrorisme et les soldats de Tsahal. Face aux critiques, elle reste déterminée : "Aimer Israël, c'est aussi combattre l'antisémitisme. Je vais les combattre avec des choses positives, avec de l'amour." Tanaka est consciente du manque de compréhension au Japon concernant Israël et la culture juive. Elle voit ses dessins comme un catalyseur pour susciter l'intérêt et encourager l'apprentissage. "Je pense qu'Israël et les Juifs sont très incompris. Mes dessins sont un moyen d'essayer d'intéresser les gens, pour qu'ensuite ils lisent et apprennent."
L'histoire de Makoto Tanaka illustre comment l'art peut devenir un puissant outil de diplomatie culturelle. En utilisant le manga, un médium profondément ancré dans la culture japonaise, pour explorer et célébrer la culture israélienne, elle crée des ponts entre des mondes apparemment éloignés. Son travail nous rappelle que la compréhension mutuelle peut naître des sources les plus inattendues, et que l'art a le pouvoir de transcender les barrières culturelles et politiques. La détermination de Tanaka face à l'adversité est remarquable. Malgré les retours négatifs et les critiques, elle persiste dans sa mission de promouvoir la compréhension et l'amour pour Israël. "Si quelqu'un m'attaque verbalement pour le travail que je fais, ce n'est pas grave. Ce qui est plus difficile, c'est qu'ils attaquent Israël à travers moi," explique-t-elle. Cette résilience témoigne de la profondeur de son engagement et de sa conviction dans la puissance de l'art pour induire le changement. L'impact de Tanaka s'étend bien au-delà de ses dessins. Lors de sa visite en Israël, elle a eu l'occasion de rencontrer des personnes dont elle avait raconté l'histoire, comme Noa Argamani et sa famille. Ces rencontres ont renforcé sa détermination à continuer son travail, tout en lui rappelant la réalité douloureuse de la situation : "Il y a tant de pensées qui se mélangent... mais j'ai surtout ce sentiment d'impuissance. Comment vont-ils ? Où sont-ils ? On ne sait rien. C'est très dur." Le travail de Tanaka soulève des questions importantes sur le rôle des artistes dans la société et leur capacité à influencer la compréhension interculturelle. En choisissant d'utiliser son talent pour aborder des sujets complexes et souvent controversés, elle démontre que l'art peut être bien plus qu'un simple divertissement - il peut être un vecteur de changement social et de compréhension mutuelle. L'histoire de Makoto Tanaka est un témoignage puissant de la façon dont la passion et la créativité peuvent surmonter les barrières culturelles et géographiques.
