L'écrasante majorité des Français favorables à l’emprisonnement des OQTF avant leur expulsion
Près de 140 000 OQTF ont été prononcées l’an dernier, pour un taux d’exécution d’environ 7 %. En cause, les difficultés à obtenir des laissez-passer consulaires des pays d’origine


L’agression au couteau de trois femmes dans le métro parisien, vendredi, a ravivé le débat sur l’exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF). Le suspect, un ressortissant malien déjà visé par une OQTF, a suscité une vive émotion. Dans ce contexte, un sondage réalisé par l’institut CSA pour CNEWS, le Journal du dimanche et Europe 1 met en lumière une opinion publique très majoritairement favorable à un durcissement des mesures.
Selon cette enquête publiée fin septembre, 86 % des Français souhaitent que les étrangers sous le coup d’une OQTF et auteurs de crimes ou de délits soient systématiquement emprisonnés avant leur expulsion. Ce chiffre progresse de deux points par rapport à un précédent sondage mené en juillet, signe d’un durcissement de l’opinion sur ces questions de sécurité.
Le soutien à cette mesure traverse largement les catégories de la population. Femmes et hommes y sont favorables dans des proportions quasi identiques. Des écarts apparaissent toutefois selon l’âge : l’adhésion atteint 89 % chez les personnes âgées de 65 ans et plus, contre 78 % chez les 25-34 ans. Sur le plan socioprofessionnel, la proposition recueille l’assentiment de 90 % des CSP-, 84 % des CSP+ et 85 % des personnes inactives.
Les clivages politiques sont en revanche plus marqués. Les sympathisants de droite soutiennent cette mesure à 89 %, et ceux d’extrême droite à 95 %. À gauche, les avis sont plus partagés : 84 % des proches du Parti socialiste y sont favorables, contre 73 % chez Europe Écologie-Les Verts et 63 % parmi les sympathisants de La France insoumise.
Ces résultats interviennent après plusieurs faits divers impliquant des personnes sous OQTF ces derniers mois. Outre l’attaque récente dans le métro parisien, un adolescent avait été violé dans le Val-d’Oise en septembre par un individu sous OQTF, tandis qu’en juillet, un surveillant pénitentiaire avait été agressé à Cherbourg par un détenu algérien visé par une mesure d’éloignement.
Interrogé à l’époque sur Europe 1, Jean-Thomas Lesueur, directeur général de l’Institut Thomas More, rappelait que près de 140 000 OQTF ont été prononcées l’an dernier, pour un taux d’exécution d’environ 7 %. En cause, selon lui, les difficultés à obtenir des laissez-passer consulaires des pays d’origine. Dans une note, l’institut souligne par ailleurs l’absence de statistiques complètes sur les liens entre immigration et insécurité, tout en estimant qu’il existe un ensemble d’indices laissant apparaître une corrélation possible.