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"Déchets" venus de "pays de merde" : Donald Trump durcit encore sa rhétorique anti-immigration
"Pourquoi prenons-nous seulement des gens venant de pays de merde ? Pourquoi ne pouvons-nous pas avoir des gens de Suède ou de Norvège ?"


Le président américain Donald Trump a une nouvelle fois alimenté la polémique en assumant publiquement, lors d’un meeting en Pennsylvanie mercredi soir, avoir qualifié certains pays d’origine de migrants de "pays de merde". Une expression qu’il avait contestée en 2018, mais qu’il revendique désormais ouvertement.
S’exprimant lors d’un événement censé mettre en avant son bilan économique, Trump a raconté avoir demandé à des élus : "Pourquoi prenons-nous seulement des gens venant de pays de merde ? Pourquoi ne pouvons-nous pas avoir des gens de Suède ou de Norvège ?" Il a ensuite ciblé la Somalie, décrite comme un "endroit calamiteux, sale et gangrené par la criminalité", allant jusqu’à qualifier récemment les migrants somaliens de "déchets".
Ces propos ont immédiatement suscité de vives réactions. Le sénateur démocrate Ed Markey y a vu "une preuve de plus de son programme raciste". À l’inverse, le républicain Randy Fine l’a défendu, affirmant sur CNN que "toutes les cultures ne se valent pas" et que Trump parle "un langage que les Américains comprennent".
Pour Carl Bon Tempo, historien à l’université d’Albany, ce type de discours existait déjà à la droite de l’échiquier politique, mais ce qui change aujourd’hui, "c’est qu’il émane directement de la Maison Blanche, le mégaphone le plus puissant du pays".
Lors de sa campagne électorale, Trump avait multiplié les attaques contre les migrants en situation irrégulière, notamment ceux originaires d’Haïti ou d’Amérique latine, accusés "d’empoisonner le sang" des États-Unis, des termes comparés par ses adversaires au vocabulaire nazi. De retour au pouvoir, il a lancé une vaste opération d’expulsions et suspendu les demandes d’immigration en provenance de 19 pays jugés à "hauts risques".
Parallèlement, le président a ordonné l’accueil de fermiers blancs sud-africains, qu’il estime persécutés. Une décision qui illustre, selon Terri Givens, professeure spécialiste des politiques migratoires, un discours désormais "sans filtre".
Pour Mark Brockway, politologue à Syracuse University, la stratégie présidentielle repose sur la création d’un "ennemi imaginaire", dans lequel tous les immigrés se retrouvent piégés, quels que soient leur parcours ou leur intégration. En qualifiant les migrants de "sangsues", terme récemment utilisé par la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem, la Maison Blanche désigne un bouc émissaire dans un contexte où l’inflation pèse sur les ménages américains.
Selon Carl Bon Tempo, si l’immigration revient avec force dans le débat, c’est autant pour des raisons économiques que pour des interrogations profondes sur l’identité américaine et la place des nouveaux arrivants dans la société.