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États-Unis : un ancien cadre de l’ADL dénonce une dérive politique et quitte l’organisation
« Les Juifs et la lutte contre l’antisémitisme sont cyniquement utilisés pour servir un agenda anti-démocratique », écrit-il,


Joe Berman, ancien responsable juridique de premier plan de l’Anti-Defamation League (ADL), a rendu publique une lettre de démission dans laquelle il accuse l’organisation d’être devenue un « idiot utile » de l’administration Trump. Cette prise de position, révélée par la Jewish Telegraphic Agency, illustre un malaise croissant au sein d’une partie de la communauté juive américaine face à l’évolution stratégique de l’ADL.
Président du comité national des affaires juridiques de l’ADL entre 2018 et 2022, puis engagé bénévolement jusqu’en 2025, Joe Berman explique avoir quitté l’organisation en mars dernier, reprochant à sa direction de ne pas avoir répondu avec suffisamment de fermeté à l’antisémitisme provenant de la droite américaine. Selon lui, l’ADL aurait, volontairement ou non, couvert des acteurs « qui veulent nuire gravement à la démocratie américaine ».
Dans sa lettre, Berman affirme que la lutte contre l’antisémitisme est instrumentalisée par l’administration Trump pour justifier des mesures qu’il juge autoritaires, notamment à l’encontre des universités et de certains ressortissants étrangers. « Les Juifs et la lutte contre l’antisémitisme sont cyniquement utilisés pour servir un agenda anti-démocratique », écrit-il, avertissant que cette stratégie pourrait se retourner contre les Juifs américains.
L’ADL a réagi en défendant la ligne de son directeur général, Jonathan Greenblatt, qui assume un recentrage prioritaire sur la lutte contre l’antisémitisme et l’antisionisme. Face à une hausse spectaculaire des violences antijuives, l’organisation estime devoir concentrer ses ressources sur ce combat, quitte à délaisser son rôle historique plus large dans la défense des droits civiques.
Pour Joe Berman et d’autres anciens responsables, cette évolution marque une rupture profonde. Ils dénoncent l’abandon d’alliances traditionnelles avec d’autres minorités et la disparition progressive de la dimension universaliste de l’ADL. Une fracture idéologique qui, selon eux, affaiblit à long terme la sécurité et la crédibilité de la communauté juive dans l’espace civique américain.