- i24NEWS
- International
- Moyen-Orient
- Téhéran annule le virement de 300 millions d’euros des banques allemandes
Téhéran annule le virement de 300 millions d’euros des banques allemandes
En vue de la mise en place prochaine des sanctions contre l’Iran, Téhéran avait annoncé sa volonté de retirer 300 millions des banques d’Hambourg. Mais un journal allemand vient d’annoncer que, finalement, le gouvernement iranien venait de renoncer à ce projet.
Celui-ci avait été rendu public au mois de juin dernier et avait déclenché la colère des Etats-Unis qui avaient aussitôt prévenu que cet argent servirait à financer le terrorisme.
La banque commerciale européo-iranienne (EIHB) a vu le jour en 1971 quand le Chah était au pouvoir. Aujourd’hui, elle appartient au régime des Mollah et gère ses capitaux. La banque gère, entre autres, les exportations de pétrole iranien vers l’Inde depuis de nombreuses années, accumulant ainsi des milliards d’euros.
Mais les sanctions mises en place en 2011 contre le programme nucléaire iranien ont affecté l’activité de l’institution financière. Ce n’est qu’en 2016 qu’elle a pu reprendre son activité, après la signature de l’accord nucléaire et l’engagement de Téhéran de geler le programme.
En prévision des nouvelles sanctions américaines, le régime iranien avait eu l’idée de retirer 300 millions d’euros en actifs et de remettre cette somme à un représentant de Téhéran qui embarquerait à bord du cargo transportant l’argent vers l’Iran.
Le journal munichois Süddeutsche Zeitung a rapporté que l’intermédiaire pressenti pour cette mission n’était autre qu’Ali Tarzali, directeur adjoint de la section internationale de la Banque centrale iranienne, dont le nom figure sur une liste de sanction américaine pour avoir fourni de l’aide aux Forces Al-Qods, les forces spéciales des Gardiens de la Révolution islamique.
En guise de justification pour la transaction, le régime avait invoqué le besoin urgent de renflouer ses caisses avant que les sanctions américaines contre le secteur financier iranien ne prennent effet. Les officiels iraniens, qui n’ont pas le droit de posséder de cartes de crédit reconnues dans le monde entier, ont en effet la réputation d’utiliser très souvent des euros en liquide quand ils se rendent à l’étranger.
Téhéran a demandé à la Banque fédérale d’Allemagne de valider le virement mais Washington a, de son côté, fait pression pour le bloquer. Les autorités américaines se sont en effet adressées à la Chancellerie, au ministère des Finances et au ministère des Affaires étrangères, insistant sur le fait que ces fonds serviraient à financer des organisations terroristes.
En réponse à cela, l’Autorité fédérale de supervision financière (BaFin) a lancé un audit afin de déterminer s’il existait des liens potentiels avec des organisations terroristes. Depuis le début de la semaine, la Banque fédérale d’Allemagne a également modifié les conditions permettant de bloquer des virements tant qu’elle ne reçoit pas la garantie que cette transaction ne viole pas les sanctions financières ou de blanchiment d’argent.
Mais les résultats de cette enquête se sont révélés insuffisants. Ainsi, les autorités allemandes n’ont pas pu refuser le virement en raison du mobile du régime jugé plausible.
Mais c’est finalement Téhéran qui a mis un terme à ce projet et a décidé de ne pas transférer les 300 millions d’euros en Iran. Le journal Süddeutsche Zeitung a rapporté mardi que le régime avait soudainement renoncé au virement… même s’il n’exclut pas de reporter cette transaction à une date ultérieure.
Le gouvernement allemand a œuvré pour sauver l’accord nucléaire iranien en incitant Téhéran à continuer de se plaindre des termes de l’accord malgré le retrait des Etats-Unis.
Plus récemment, Heiko Maas, le chef de la diplomatie allemande, a appelé l’Europe à mettre en place des systèmes de paiement indépendants des Etats-Unis et ce, afin de préserver les réseaux financiers européens vers l’Iran.
De son côté, le ministre de l’Economie a souligné que Berlin continuerait à offrir des garanties d’exportation et d’investissement aux entreprises travaillant avec l’Iran tout en continuant à protéger les entreprises allemandes des sanctions américaines.
"Tant que l’accord est en vigueur, nous évitons une crise explosive qui pourrait constituer une menace considérable pour le Proche-Orient", a déclaré Heiko Maas dans le journal Handelsblatt.
Polina Garaev est la correspondante de i24news à Berlin