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Judée-Samarie : manifestations contre la réforme des allocations versées par l'AP aux terroristes emprisonnés
La nouvelle politique conditionne désormais les versements à des critères sociaux et économiques, et non plus à la durée de la peine de prison


Des centaines de Palestiniens ont manifesté dimanche dans plusieurs villes de Judée-Samarie pour protester contre la réforme du système d’allocations versées aux prisonniers par l’Autorité palestinienne (AP). Les rassemblements, organisés notamment à Ramallah, Tulkarem et Naplouse, réunissaient des familles de détenus ainsi que des proches de Palestiniens tués ou blessés lors d’affrontements avec l’armée israélienne.
Cette mobilisation est interprétée comme un signe que Ramallah entend aller de l’avant avec une réforme largement soutenue par les pays occidentaux, malgré de fortes résistances internes. Signée en février par le président Mahmoud Abbas, la nouvelle politique conditionne désormais les versements à des critères sociaux et économiques, et non plus à la durée de la peine de prison. Un changement destiné à transformer ces allocations en aides sociales classiques, après des paiements jugés illégaux sous l’ancien système, qui avaient conduit le mois dernier au limogeage du ministre palestinien des Finances.
Lors des manifestations, plusieurs orateurs ont accusé l’AP de "criminaliser la lutte nationale palestinienne" et de masquer une décision politique sous couvert de réforme sociale. À Ramallah, l’épouse d’un prisonnier a affirmé que sa famille, comme celles d’au moins 1 612 détenus, n’avait plus reçu d’allocation depuis plus de huit mois.
Israël affirme pour sa part que la réforme n’est pas réellement appliquée. Fin novembre, le Conseil de sécurité nationale israélien a envoyé une délégation à Bruxelles pour soutenir l’argument selon lequel les paiements se poursuivraient selon l’ancien mécanisme, qualifié par Jérusalem de système "pay-to-slay" (payer pour tuer), accusé d’encourager les attaques contre des Israéliens. Des responsables européens reconnaissent toutefois que, si des irrégularités ont été constatées, les preuves d’une dissimulation généralisée restent limitées. Un audit soutenu par les États-Unis devrait être lancé l’an prochain à la demande de Ramallah.
L’Union européenne, principal bailleur de fonds de l’AP, a rappelé que la poursuite de son aide est conditionnée à des réformes concrètes, exprimant une forte insatisfaction après les événements récents. Selon l’AP, les demandes d’aides sociales via l’organisme public Tamkeen ont récemment augmenté, après un démarrage laborieux de la réforme.