- i24NEWS
- Israël en guerre
- L'ex-otage Segev Kalfon confie avoir a été battu, affamé, et sommé de se convertir à l'islam en captivité
L'ex-otage Segev Kalfon confie avoir a été battu, affamé, et sommé de se convertir à l'islam en captivité
Les conditions étaient extrêmes : infestation de rats, interdiction de parler, partage d’une même brosse à dents. La nourriture était rare, une boîte de haricots pour deux jours, ou un quart de tomate


Segev Kalfon, ancien otage israélien retenu à Gaza pendant 738 jours, a livré au New York Times un témoignage glaçant sur les sévices subis aux mains du Hamas. Ce boulanger originaire de Dimona avait été enlevé lors du massacre du 7 octobre au festival de musique Nova. Depuis son centre de rééducation à Ramat Gan, il raconte deux années rythmées par les coups, la faim, la peur permanente et les tentatives répétées de conversion à l’islam.
Dès son enlèvement, Kalfon affirme avoir été battu jusqu’à ce que la douleur devienne une routine. Attaché, les yeux bandés, il récitait le Shema, l’une des prières les plus sacrées du judaïsme, pour tenter de garder un semblant de force intérieure. Ses conditions de détention se seraient encore durcies après les déclarations publiques du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, sur le durcissement du régime carcéral imposé aux prisonniers palestiniens. Selon lui, chaque annonce politique se traduisait par des représailles physiques contre les otages.
Les témoignages qu’il rapporte décrivent une forme de torture psychologique sophistiquée. Les terroristes jouaient avec des grenades dégoupillées pour instiller la terreur, et organisaient ce qu’ils appelaient un "jeu de l’exécution", exigeant des otages qu’ils désignent ceux qui devraient mourir. Lorsque personne ne s’y résolvait, les geôliers tiraient au sort. Les exécutions ne se sont toutefois jamais matérialisées, leur commandant, Bayan Abu Nar, affirmant qu’elles seraient contraires à l’islam, avant de présenter cette abstention comme une preuve de la supériorité de la religion et d’exiger que les otages s’y convertissent.
Les conditions matérielles étaient, elles aussi, extrêmes : infestation de rongeurs, interdiction de parler, partage d’une même brosse à dents usagée. La nourriture était rare, parfois une boîte de haricots pour deux jours, ou un quart de tomate à diviser. Les ravisseurs justifiaient ces rations dérisoires par le siège imposé à Gaza, tout en restant eux-mêmes bien nourris.
La captivité de Kalfon fut également marquée par la peur des frappes israéliennes. Il raconte avoir survécu à des explosions proches, dont l’une qui tua la famille d’un de ses geôliers, le laissant terrifié à l’idée d’une vengeance.
À l’approche de sa libération, Kalfon dit avoir constaté une amélioration soudaine de son alimentation et avoir passé des semaines isolé sous la garde d’Abu Nar. Ce dernier lui aurait confié que le Hamas n’aurait pas lancé l’attaque du 7 octobre s’il avait anticipé les conséquences actuelles.
Pour Kalfon, un seul fil a retenu sa volonté de vivre : la voix de sa mère, entendue un jour à la radio. "Un océan d’espoir", dit-il. C’est cet espoir qui l’a accompagné jusqu’à sa libération, après deux ans passés au cœur de l’un des systèmes de détention clandestins les plus opaques du Moyen-Orient.