Gadi Moses critique le comportement du gouvernement envers les otages libérés
"Pas un seul ministre ne m’a appelé pour me dire 'bienvenue chez vous'"


L’ancien otage Gadi Moses, libéré après 482 jours de captivité, a vertement critiqué le gouvernement israélien lors d’une interview accordée à la chaîne N12. Âgé de 81 ans et résidant au kibboutz Nir Oz, l’homme accuse les autorités de l’avoir abandonné le 7 octobre et d’ignorer depuis les rescapés.
"Pas un seul ministre ne m’a appelé pour me dire 'bienvenue chez vous'", s’est-il indigné. "Nous sommes des citoyens de ce pays depuis des décennies. Nous avons servi, combattu, perdu des amis. Et pourtant, personne ne s’est soucié de nous." Il souligne que le seul responsable à l’avoir contacté est le président de l’État, un geste qu’il dit avoir vécu comme un rare moment de réconfort.
Moses raconte avoir été visité à l’hôpital par l’ambassadeur d’Allemagne en Israël, Steffen Seibert, qui est resté auprès de lui près d’une heure et demie. Un contraste saisissant avec l’attitude des dirigeants israéliens, selon lui. "Qu’est-ce que cela signifie ? Que rien ne m’est arrivé ?", lance-t-il, réaffirmant son sentiment d’abandon.
Au cœur de sa colère se trouve l’absence de commission d’enquête publique sur les événements du 7 octobre. Pour Moses, il est incompréhensible qu’aucune responsabilité politique n’ait été assumée. "Ils ne veulent pas connaître la vérité, ou seulement celle qu’ils voient à travers leurs lunettes spéciales", accuse-t-il. Il appelle à une analyse indépendante des défaillances, estimant que le pays a besoin de réponses pour éviter une répétition d’une telle tragédie. "Personne ne peut expliquer comment une chaîne de commandement entière s’est effondrée."
Il rend néanmoins hommage à l'ancien chef d’état-major Herzi Halevi, l’un des rares à avoir, selon lui, reconnu les fautes militaires et présenté ses excuses. "Mais lui aussi avait un supérieur, et celui-ci n’est pas là", pique-t-il, visant implicitement le pouvoir civil.
Aujourd’hui revenu à Nir Oz, Moses affirme puiser sa force dans la solidarité locale. Il soutient la reconstruction du kibboutz, où certaines maisons incendiées seront transformées en lieu de mémoire. "On doit vivre dans une communauté vivante, pas dans un cimetière", dit-il, déterminé à tourner la page sans effacer le passé.