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Syrie : Moscou avance en médiateur face aux ambitions turques, analyse Pascal Le Pautremat
Alors que la Turquie cherche à étendre son influence militaire et économique en Syrie, la Russie s’impose de plus en plus comme un médiateur discret dans le dialogue israélo-syrien.


La Syrie pourrait devenir le théâtre d’un nouveau rapport de force régional, non plus centré uniquement sur Israël et ses ennemis directs, mais opposant désormais des puissances rivales. C’est le constat dressé par Pascal Lepautremat, géopolitologue, interrogé dans La Grande Edition sur le retour en force de la Russie dans le jeu syrien.
Selon lui, l’intérêt de Moscou est avant tout stratégique. La Russie cherche à préserver ses positions clés sur le littoral syrien, en particulier le port de Tartous et la base aérienne de Hmeimim, près de Lattaquié. Ces infrastructures constituent le cœur des discussions engagées depuis près d’un an avec les autorités syriennes dirigées par Ahmed al-Charaa. Parallèlement, Moscou tente de se repositionner comme un acteur diplomatique « rassurant », notamment aux yeux d’Israël, en se présentant comme une alternative plus fiable que la Turquie pour stabiliser le sud de la Syrie.
Cette dynamique s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre Israël et Ankara. La Turquie cherche à étendre son influence militaire et économique en Syrie, tandis que la Russie, avec l’aval discret de Washington, entend freiner cette progression. Pour Pascal Le Pautremat, le duel russo-turc dépasse désormais le seul cadre militaire et s’étend au champ économique.
La levée récente de certaines sanctions américaines ouvre la voie à la reconstruction de la Syrie, attirant de nombreux acteurs internationaux. La Turquie a déjà augmenté de plus de 50 % ses exportations vers la Syrie en un an, atteignant environ trois milliards de dollars, ce qui accentue la concurrence avec la Russie pour s’imposer durablement.
Pris entre ces pressions, le régime syrien joue un jeu délicat. Ahmed al-Charaa doit composer avec des courants sunnites radicaux, la protection des minorités et une surveillance étroite de Washington. Faute de garanties sécuritaires solides et face à des exactions persistantes, la Syrie apparaît aujourd’hui, selon l’expert, comme un terrain de realpolitik où pragmatisme et cynisme dominent.